Le patronat tunisien vise un marché de 200 milliards de dollars (139 milliards d'euros) Les projets tunisiens, en bloc, avoisinent les 2 milliards de dinars La conclusion des contrats ne se fera pas avant au moins six mois (selon des responsables libyens) C'est bien connu. Le marché de reconstruction de la Libye s'annonce très lucratif. En Tunisie, les chefs d'entreprises tunisiennes sont optimistes. Ils sont de plus en plus confortés par les promesses des dirigeants libyens qui affirment que les investissements tunisiens seraient favoris en Libye. La dernière visite d'une centaine d'hommes d'affaires, des professionnels du Bâtiment, de dirigeants et de responsables politiques libyens au siège de l'Union Tunisienne d'Industrie et de Commerce (UTICA) l'atteste. Cette délégation s'est réunie mercredi 28 du mois courant, avec les professionnels du BTP (Bâtiment et Travaux Publics) tunisien à l'instar de la Fédération nationale du BTP, l'Ordre des architectes ainsi que la Chambre de Commerce Tuniso-libyenne. La rencontre devrait déboucher à des rencontres « B to B » et à des promesses et des intentions de partenariat. « Ces rencontres devraient aboutir à des partenariats entre les entreprises tunisiennes et leurs homologues libyennes. Ces partenariats seraient favorables à nous tous pour faciliter l'accès au marché local et offronter la concurrence internationale » estime Mohammed Raied, membre du Conseil d'Administration des Chambres de Commerce et d'Industrie Libyennes. Chokri Driss, Président de la Fédération Tunisienne du BTP, rebondit dans le même sens. Pour lui, « le savoir faire tunisien en BTP était présent en Libye. D'ailleurs, plusieurs entreprises y travaillaient avant la guerre pour un engagement total de l'ordre de 2 milliards de dinars libyens. Le taux d'avancement dans ces projets (hôpitaux, hôtels, lycées …) frôle les 45% ». Il explique que l'achèvement est et demeure tributaire de la capacité des entreprises tunisiennes à absorber le choc de leurs pertes accusées durant la guerre. Forte concurrence Les Tunisiens ont la sympathie des libyens, mais, il y aura une très forte concurrence avec l'offensive des multinationales de renommée internationale en BTP, les Français, les Turcs, les Américains en l'occurrence, les barrières se mettent haut devant les entreprises tunisiennes. Raison pour laquelle, bon nombre des investisseurs libyens et tunisiens appellent à la création des consortiums et des entreprises mixtes pour accéder au moins aux petits et moyens projets d'infrastructure. Du pain sur la planche alors, mais tout dépendra, de l'avis des professionnels du secteur des deux pays, de la stabilité politique et sécuritaire dans les deux pays. Chokri Driss semble ne pas partager ce point de vue. Pour lui, il faut oser. « Il faut reprendre pied sur le marché libyen, sans délai, sans même attendre que la situation sécuritaire soit parfaitement nickel » a-t-il affirmé, tout en précisant qu'il faut concrétiser les discours à la fois économiques et politiques annoncés. Pour sa part Teyeb Zekri, représentant de la Tunisie dans le Conseil des entrepreneurs arabes, estime que le gouvernement tunisien doit se dépêcher et faciliter par voies diplomatiques l'accès des entreprises Tunisiennes au matché libyen. « La libre circulation des personnes doit automatiquement être jumelée à la libre circulation des capitaux dans les deux sens. Si on revendique la facilitation de l'accès des tunisiens vers le marché libyen, il faut que réciproquement, le marché tunisien soit à son tour aussi facile d'accès pour nos confrères Libyens ». D'autres intervenants sur le marché incitent le gouvernement tunisien à mettre en place des structures de coopération sectorielle bilatérales et même triangulaire si l'on prend en considération que les entreprises françaises, par exemple, recourent à la main d'œuvre tunisienne dans ses chantiers d'infrastructure en Libye. Dans ce contexte, les autorités tunisiennes pourraient collaborer avec les Français afin de leur faire comprendre l'utilité de faire participer des entreprises tunisiennes dans le processus de prise de marchés en Libye. Ici, tous les chemins mènent vers Tripoli. Les discours d'intention ne suffisent pas pour accéder au marché libyen. Vite place au travail ! Zied Dabbar Les multinationales au coude à coude Plusieurs pays européens voudraient profiter de leurs rôles, dans la coalition internationale durant la guerre libyenne, pour bien accéder au marché libyen qui présente des opportunités à saisir. Ce marché va certainement connaître une concurrence assez rude. Ainsi, selon les chiffres avancés par le Medef International, réseau mondial au service du développement des entreprises françaises sur les marchés émergents et en développement, la marge de développement des parts de marchés des pays européens est assez large. La France qui ne détient que 6% du marché libyen en 2010, contre 19% pour l'Italie et 11% pour la Chine estime renforcer sa présence sur un marché de 200 milliards de dollars. Les Anglais, les Américains ne dérogent pas à la règle. Dans un pays ou' les besoins de reconstruction ne font pas défaut, les opérateurs économiques commençaient déjà à avoir des contrats de méga projets d'infrastructure à Benghazi.