• Intervention de la garde nationale Voilà un mois que la délégation de Joumine, une petite localité appartenant au gouvernorat de Bizerte, est squattée par un groupe de jeunes demandeurs d'emploi. Une cause légitime, certes, mais qui bloque le déroulement normal de l'établissement et surtout entrave les besoins des habitants de la ville. Ils font partie de ces milliers de jeunes ayant obtenu leur maîtrise ou licences et attendent, désespérément, depuis des années que l'Etat leur procure un emploi. Depuis l'avènement de la Révolution et de son souffle libérateur, ils y ont cru et pensaient avoir vu le bout du tunnel. Or, les travaux semblent assez complexes et lents dans le fameux «tunnel». Pas de baguette magique pour satisfaire toutes les revendications sociales et réduire à néant le taux de chômage… Quand le nouveau gouvernement sollicite la patience des jeunes sans emploi, ces derniers, frustrés, de par le passé, révoltés et assoiffés d'équité aujourd'hui, ne semblent plus pouvoir attendre encore et encore. Pour se défendre, les chômeurs diplômés de Bizerte ont décidé de s'unir et de fonder une association répondant au nom de l'Association des Diplômés Chômeurs. Une dizaine de membres se sont donc installés depuis un mois dans le bureau même du délégué de Joumine, signe de protestation contre leur situation et l'absence de solutions quant à leur employabilité. Sauf que la situation s'est gâtée vu que les habitants ne pouvaient plus se taire, étant donné que tous leurs besoins et leurs affaires sont restés suspendus pour cause du sit-in. Et le délégué et les employés de l'établissement sont paralysés. Jeudi dernier, une grande dispute a éclaté entre les deux camps. Les habitants de Joumine mécontents grognons et las se sont dirigés vers la délégation pour exhorter les sit-inneurs de lever leur sit-in. La situation a dégénéré au point que l'armée qui était sur place n'a pas pu intervenir et qu'il a fallu le renfort de la garde nationale de Joumine, qui a tenté, tant bien que mal, de calmer les esprits. Contacté par téléphone, un des agents de la garde nationale nous a assuré que l'altercation s'est beaucoup aggravée et que pour l'instant la situation est contrôlée mais que ça peut dégénérer à tout moment puisque le sit-in n'a toujours pas été levé. En somme, une situation conflictuelle qui devient archétypale, un schéma classique : des sit-inneurs réclamant l'embauche, bloquent à la fois le travail d'autrui, parfois même mettant en péril des centaines d'emploi et les besoins de citoyens et un gouvernement qui n'arrive pas à trancher. Melek LAKDAR