La question de la liberté de la presse et de l'indépendance des médias s'impose comme le sujet le plus brûlant de l'actualité tunisienne. Et pour cause, les nouvelles nominations par le Gouvernement Jebali de plusieurs responsables dans le secteur de l'information ont mis le feu aux poudres, suscité la colère des professionnels du métier et enflammé la place publique. Car, le domaine de l'information représente, avec celui des Droits de l'Homme, le facteur le plus déterminant dans le succès de la transition démocratique. Et toute tentative de l'accabler, de le bâillonner ou de le mettre sous tutelle équivaut à une atteinte aux aspirations populaires à la liberté, à la dignité et à la démocratie et une tentative de renouer avec des pratiques balayées par la grandiose révolution du peuple tunisien. C'est sous cet angle que les choses sont perçues, d'autant plus que le secteur jouit depuis l'avènement de la Révolution d'un vent de liberté inédit dans l'histoire du pays. Les gens du métier en sont conscients et ne peuvent renoncer à cet acquis ni à leur droit à une presse libre, responsable et au service de la société. D'où cette vague de protestation sans précédent d'un secteur assujetti longtemps aux directives et confiné dans le rôle d'exécuteur d'ordres. Aujourd'hui, il ne s'agit pas d'une information publique ou privée, mais de la liberté de la presse avec les dérives qui la menacent, la loi qui la protège et les règles qui la régissent ; Malgré le geste d'apaisement du gouvernement, la question demeure vivace et la tension vive. Le problème nécessite une plus ample réflexion et une réforme en profondeur. Il incombe au Gouvernement d'engager au plus vite le débat avec les instances représentatives du secteur et, également, à la Constituante de consacrer une séance à l'information pour écouter les doléances des journalistes et confirmerl'indépendance du secteur en tant que quatrième pouvoir.