Adoptée récemment par la Chambre des députés, la loi sur la qualité de l'air a fait l'objet d'une journée d'information organisée par le Centre international des technologies de l'environnement de Tunis (CITET). D'après les interventions présentées dans cette rencontre, la qualité de l'air est qualifiée, jusqu'à présent, en Tunisie de bonne dans son ensemble. Néanmoins, face à l'évolution du nombre des voitures et celui des zones industrielles notamment dans le Grand-Tunis, la capitale, destination de la majorité des Tunisiens pour effectuer leurs services quotidiens, devient de plus en plus étouffée par les émissions de gaz et la pollution atmosphérique.
M. Nadhir Hamada, ministre de l'Environnement et du Développement durable, a souligné, à l'ouverture de cette journée, que cette loi constitue un nouvel acquis venant renforcer les efforts visant à lutter contre la pollution de l'air, à en réduire les retombées négatives sur la santé de l'homme et sur l'environnement et à identifier les mesures nécessaires pour le contrôle de la qualité de l'air. Il a fait savoir que cette loi renferme plusieurs décisions, dont la plus importante est la mise en place d'un système national de suivi de la qualité de l'air dans les villes et les agglomérations urbaines et l'identification des critères de réalisation de stations de préservation de la qualité de l'air dans les agglomérations urbaines afin de limiter les causes de la pollution atmosphérique, outre les règles à respecter notamment lors de la construction des ouvrages et la mise en fonction des équipements. Selon les autorités concernées, la qualité de l'air, en Tunisie, est étroitement liée aux activités anthropiques, responsables d'émissions polluantes dans l'atmosphère, à savoir le trafic automobile, certaines installations fixes de combustion, les procédés industriels et artisanaux spécifiques et les réactions photochimiques. Ces quatre facteurs connaissent une évolution constante en Tunisie. Ceci dit que la qualité de l'air sera de plus en plus dérisoire. Actuellement, le niveau global d'émission de dioxyde d'azote, s'établit à 0,5 tonnes / km2, ce qui est relativement acceptable par rapport à ce qu'on observe en Europe, avec des niveaux dépassant 1 tonne / km2. S'agissant du niveau d'émission de dioxyde de soufre, il s'établit à 78,6 kg / habitant, ce qui est relativement élevé, comparé aux niveaux des pays industrialisés, variant entre 10 et 50 kg / habitant. La raison principale de ce niveau élevé correspond à la nature des carburants utilisés marquée par la forte présence du gazole.
Des pics de pollution dans les zones urbaines Des pics de pollution ont été atteints près des sites industriels polluants (Tunis, Sfax, Gabès, Bizerte). A cet égard, cinq stations fixes de contrôle de la qualité de l'air ont été installées, depuis 1996, dans les régions de (Tunis, Ben Arous, Sfax, Bouchemma et Gabès). Ces stations ont pour mission : le suivi spatio-temporel de la pollution atmosphérique, la mise en place de procédures d'assurance qualité pour garantir la fiabilité de l'ensemble des chaînes de mesure, la prévision et prévention des épisodes aigus ou subaigus, l'information des autorités locales, nationales et du public et la participation à l'effort national et international de protection de l'atmosphère. Plusieurs experts du domaine présents à cette journée d'information ont mis l'accent sur la nécessité de disposer des données objectifs et d'études scientifiques portant sur l'impact de la pollution atmosphérique sur l'environnement et la santé et de sensibiliser les citoyens quant aux conséquences négatives de cette situation en vue d'assurer la préservation et la surveillance continue de la qualité de l'air et garantir les meilleures conditions de vie aux citoyens.
Objectifs ambitieux La nouvelle loi contribuera à réaliser les objectifs fixés en matière de préservation de la qualité de l'air ambiant, lesquelles portent notamment sur : - Le renforcement des capacités et la formation des spécialistes dans le domaine de la pollution atmosphérique; - La création du réseau national de suivi de la qualité de l'air ambiant avec 25 stations fixes dans les gouvernorats de Tunis, Sfax, Gabès, Bizerte, Sousse, Gafsa et Kairouan; pour définir qualitativement et quantitativement la qualité de l'air ambiant et fournir une information continue et régulière tout en suivant l'évolution des indicateurs établis à cet effet. La création d'un laboratoire de référence spécialisé doté des moyens humains et matériels appropriés et en fournissant une assistance technique aux industriels pour atteindre les objectifs de qualité requis par les normes. Le réseau national de suivi et le laboratoire spécialisé fournissent des indices primaires reflétant la situation générale de la qualité de l'air dans les zones couvertes. Ces indices montrent de grandes variations dans les concentrations en polluants gazeux tels que les oxydes d'azote, les oxydes de carbone, l'oxyde de soufre et l'ozone ainsi que les matières en suspension dans les milieux urbains.