La mosaïque médicale de Tunisie 1800-1950 est l'œuvre de Lucien Moatti qui a décidé, écrit-il dans son préalable, «de rédiger une sorte de livre d'or, de dictionnaire ou d'annuaire des médecins qui ont servi en Tunisie (et la Tunisie) du début du XIX ème au milieu du XXème siècle». Lucien Moatti, médecin, fils de médecin, universitaire, passionné d'histoire était prédestiné à ce devoir de mémoire. «Nous ne pouvons que le remercier d'avoir pris cette responsabilité» écrivait Dr. Saadeddine Zmerli en présentant cette mosaïque médicale. Fils de Léon Moatti, ancien interne des hôpitaux de Paris, ORL de réputation internationale, il est également le fils spirituel de Tahar Zaouche, Roger Nataf, Salah Azaiez, Chedli ben Romdhane, Georges Valensi et Mahmoud el Materi dont le comportement exemplaire ne pouvait que susciter respect et admiration, et dont la communion d'esprit représentait l'aspect le plus réconfortant de cette mosaïque médicale, dans sa perspective tunisienne. «En se promenant dans l'index biographique, nous mesurons immédiatement la richesse «du parcours» de chacun de ces quelque mille deux cents noms. L'élaboration de cet index a nécessité du temps, de la patience et beaucoup d'intelligence. Il a fallu mobiliser toutes les ressources permettant de retrouver tous ces noms, pour beaucoup oubliés. Cet index constituera dorénavant une référence indispensable».Ecrivait Dr Zmerli qui ajoute: «Cette mosaïque n'est pas née en 1800, la médecine étant alors assurée, et jusqu'au milieu du XIXème siècle, par des soignants traditionnels porteurs d'une licence d'exercice (Ijaza). A partir de 1850 les médecins diplômés, italiens en premier, puis maltais et enfin français, vont les remplacer progressivement». Au début du XXème siècle la mosaïque est bien constituée avec l'arrivée de médecins tunisiens, rejoignant Béchir Dinguizli et Joseph Scemama de Gialouli, les premiers à s'installer, en 1897. Cette mosaïque est remarquable à deux titres : elle est riche par sa diversité et forte de ses personnalités. Ils ont permis l'expression et la diffusion d'une littérature dense et variée. C'est à bon escient que Lucien Moatti a dessiné avec talent et sensibilité la vie associative de l'époque en décrivant les débats suscités par les maladies, le typhus exanthématique, le Kala Azar, la mélitococcie… Le docteur Moatti ne s'est pas contenté de dresser un inventaire rigoureux de plus de mille médecins et de restituer leur biographie. Il trace aussi, dans une introduction admirablement documentée, les traits principaux de la médecine moderne pendant plus d'un siècle. Il faut donc, laisser la parole à l'auteur, lui savoir gré d'avoir ainsi rendu hommage à un métier, à ses praticiens, qui ont travaillé à éloigner la peur de la maladie, à soulager leurs patients, et à prolonger leur vie.