De notre correspondant particulier à Paris: Zine Elabidine Hamda - Les autorités françaises viennent de prendre la décision d'engager une procédure d'éloignement, initiée par le ministère de l'intérieur, à l'encontre de Mohammed Hammami, imam de la mosquée Tabligh Omar, rue Jean-Pierre Timbaud à Paris (XI° arrondissement). Selon Le Figaro, qui publie cette information, cet imam fondamentaliste, accusé de prêches à caractère antisémite et d'apologie de la violence et de valeurs contraires à la république, aurait déclaré dans un de ses prêches : « L'argent des fidèles ne devrait pas être placé en banque car il profite aux juifs.» Adepte d'un islamisme radical, il aurait aussi demandé que la femme adultère soit battue à mort. La commission d'expulsion à Paris devrait examiner son cas le 7 février prochain. Dès l'avis de cette instance, un arrêté ministériel d'expulsion devrait être signé. Il est à signaler que, depuis les attaques du 11 septembre 2001, les prêches dans les mosquées sont l'objet de surveillance de la par les services du renseignement intérieur. Depuis, 145 mesures d'éloignement d'islamistes ont été prises dont 34 concernaient des imams ou des prédicateurs. Ces expulsions ont eu lieu sur la base de l'article L 521-3 du Code d'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile qui condamne les « actes de provocation explicite et délibérée à la discrimination, à la haine ou à la violence contre une personne déterminée ou un groupe de personnes». Mohammed Hammami, de nationalité tunisienne, est arrivée en France dans les années soixante. Connu pour ses prêches virulents, il eut déjà affaire à la justice. Il fut condamné à quatre mois de prison avec sursis, ainsi que son fils Mohsen Hammami qui a écopé de 8 mois de prison dont 4 avec sursis, pour avoir participé à l'agression de journalistes de Canal + en mars 2004, qui enquêtaient sur une école coranique clandestine du mouvement Tabligh. La mosquée Omar, dirigée par Mohammed Hammami, était au centre de controverses dans les années 1990, soupçonnée d'abriter des filières de recruteurs djihadistes. Mais depuis que le Tabligh est représenté au Conseil du culte musulman, fondé à l'initiative de l'actuel président Nicolae Sarkozy pour représenter les musulmans de France, l'imam s'est assagi d'autant plus que la vague d'expulsions d'imams radicaux l'a poussé à l'autocensure. Le mouvement Tabligh , très actif en France, mais opérant discrètement comme une secte, prône un islam salafiste fondamentaliste influencé par le wahhabisme de la Ligue islamique mondiale, basée en Arabie saoudite. Il prône notamment la théorie du complot selon laquelle la décadence des musulmans serait due à l'Occident et aux juifs. D'après des études de l'Institut d'études de l'islam et des sociétés du monde musulman (EHESS), les salafistes en France seraient au nombre de 12.000 dont le quart est composé de convertis. La procédure concernant l'imam Mohammed Hammami concerne aussi l'association Forsane Alizza, «Les cavaliers de la fierté», créée en 2010 et soupçonnée par les enquêteurs de faire la « promotion de la lutte armée pour des motifs religieux». Elle devrait prochainement faire l'objet d'une mesure de dissolution. Accusée de présenter «le caractère de groupes de combat ou de milices privées», l'association aurait pour but «d'attenter à la forme républicaine du gouvernement» et de propager «des idées racistes et antisémites». Sur son site web, l'association Forsane Alizza s'attaque au caractère laïque de la république en titrant un de ses article « la laïcité, la religion du diable ». Dans un autre article consacré aux 4 militaires français tués en Afghanistan il y a une semaine, le site a pris une position franche pour les Talibans en indiquant en sous-titre « Un message clair : « Rentrez chez vous ». L'article rapporte l'information en prenant une position sans ambigüité : « La seule façon de se faire entendre c'est la résistance ».