En collaboration avec l'Ambassade du Maroc en Tunisie, le Centre des Musiques Arabes et Méditerranéennes (Ennejma Ezzahra) a présenté samedi 28 janvier, un concert de musique spirituelle marocaine, assuré par La Hadra Chefchaounia, un spectacle de chants et de musiques mystiques populaires interprétés exclusivement par 13 jeunes femmes venues de Chefchaouen, ville située dans la région Jbala au nord ouest du Maroc. Mme Rhoum el Bakkali a fondé cette chorale féminine pour perpétuer une tradition ancestrale tout en lui insufflant une nouvelle vie, et ce, en conservant l'héritage du soufisme et des chants populaires et en les mélangeant de manière sublime à des musiques et des chants arabo-andalous de « Samaâ ». A l'origine confiné à la Zawiya, l'art de la Hadra a trouvé depuis un certain nombre d'années le chemin des théâtres et des salles de concert, au Maroc, dans le cadre de festivités religieuses dites « moucems », mais aussi à l'étranger. Art éminemment traditionnel, la Hadra chefchaounia se pratique dans le contexte spirituel des assemblées des confréries religieuses, et comprend des chants soufis au terme desquels est atteint un certain état de transe, qui est considéré comme le fruit d'une union et d'une présence divine. L'art de la Hadra est entretenu depuis des générations par les femmes de Chefchaoun qui ont reçu cette tradition de mère en fille. C'est à la sainte Cherifa Lella Hiba Bekkalia, rattachée à la Zawiya (sanctuaire) Bekkalia dans le village de Douar Haraïk, que remonte l'origine de la Hadra de Chefchaoun. Cette confrérie soufie, qui a vu le jour au 16e siècle, a légué un héritage important de poèmes religieux, d'invocations et de chants populaires. Le public, venu nombreux à cette soirée, a pu apprécier cette musique marocaine ancestrale riche en chants liturgiques pleins de louanges, d'invocations et de prières qui rappellent ceux interprétés par les troupes religieuses de chez nous surtout à l'occasion de la fête du Mouled. Les 13 jeunes femmes, habillées d'un caftan traditionnel marocain, sont entrées sur scène sous les applaudissements du public. L'ensemble, dirigé par Rhoum Bakkali, la femme la plus âgée, assurait la chorale et la percussion. Les chants présentés ont fasciné la salle par leur poésie, leur mélodie et leur rythme, si bien que le public n'hésitait pas à claquer des mains aux rythmes de ces chants qui commençaient sur un tempo lent pour devenir progressivement plus endiablés grâce au son vibrant des instruments de percussion et les youyous des femmes. Au programme, il y avait d'abord une suite de chants soufis, puis des chants consacrés à la célébration de la naissance du Prophète (le Mouled). Enfin, un bouquet de chants apologétiques (Madih) et de chants sacrés (samaâ), hymnes célébrant Allah et le Prophète. Les jeunes femmes membres de la Hadra ont donné le meilleur d'elles-mêmes dans cette rencontre pour enthousiasmer un public tunisien toujours avide de découvrir les différentes musiques du monde.