De notre correspondant permanent à Paris: Zine Elabidine Hamda - Les initiateurs des Assises de l'immigration, fondées en France au mois de mai 2011, ont commencé les manœuvres de restructuration et de réorganisation de l'immigration principalement en France, pays qui accueille le plus grand nombre de Tunisiens à l'étranger, mais aussi dans les autres pays d'Europe. Suite à la Révolution du 14 janvier 2011, et dans la perspective de se préparer aux premières élections libres, les Assises de l'Immigration ont été organisées le samedi 7 mai 2011 à l'Université de Paris VIII à Saint-Denis en France. Elles ont réuni plus de 350 personnes venues de six pays (Belgique, Canada, Italie, Suède, Suisse et France), quelques dizaines d'associations implantées dans plus de 40 villes différentes, réunies autour de la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives, présidée par Tarek Ben Hiba. Cette initiative a abouti à créer une dynamique d'union. Les associations de l'immigration tunisienne réunies dans ces Assises ont élaboré un cahier de doléances qu'elles ont pu présenter, à Tunis, au gouvernement provisoire en juin 2011 et à la société civile. Les revendications des Assises portaient sur la représentation des Tunisiens et Tunisiennes à l'étranger dont celles des binationaux, leur participation aux élections de l'assemblée constituante, la protection des sans-papiers, des étudiants et des rapatriés, et enfin la nécessaire restructuration de l'O.T.E. et la création d'un Conseil National de l'Immigration à l'étranger et d'un ministère de l'immigration. Une première réunion d'évaluation eut lieu à Tunis au mois de juin qui mit en place un comité de suivi. Le 21 janvier 2012, les Assises de l'immigration se réunirent à Aubervilliers, autour d'une trentaine d'associations, pour réfléchir aux actions à venir signalées dans leur Communiqué officiel. « Les associations et les acteurs de la société civile, réuni(e)s ce jour, considèrent donc que le temps des Assisses est dépassé, qu'il s'agit de co-construire ensemble une nouvelle dynamique plus large à la hauteur des attentes de l'immigration tunisienne à l'étranger» y lit-on notamment. Un Comité de Coordination Provisoire de l'immigration tunisienne à l'étranger est constitué, incluant les associations présentes à Aubervilliers représentant 27 associations de France, de Belgique, d'Italie et de Suisse. L'objectif est de créer une structure représentative de toutes les associations et les compétences et de toutes les régions d'immigration en lançant des structures de représentation là où se trouvent, en grand nombre, les communautés tunisiennes. Parallèlement à cette démarche, encore en débat au sein même des Assises, de nombreuses associations dynamiques qui se sont senties flouées ou écartées, s'impliquent dans d'autres initiatives. Le 14 janvier 2012, pour célébrer l'An 1 de la Révolution, 19 associations ont organisé la Marche pour les libertés à Paris, avec un certain succès. Les associations faisant partie des Assises de l'immigration n'y ayant pas participé, ont organisé, à leur tour, des manifestations parallèles. D'un autre côté, Ali Romdhane, une des figures historiques de l'immigration en France, vient de lancer une nouvelle initiative originale : créer des structures associatives en Tunisie et en France. Le Collectif de La Nouvelle Tunisie, qu'il préside, a pour objectif de « rassembler la diaspora » et d'accompagner la transition démocratique en Tunisie. Partant du constat que la communauté reste atomisée avec ses 48 listes électorales présentées à l'élection de l'Assemblée nationale constituante, assez effacée au sein des partis et de la société civile tant en France qu'en Tunisie, le Collectif se propose de dynamiser et de rassembler la diaspora autour de thèmes majeurs ( accompagner la transition démocratique en Tunisie, favoriser le vivre ensemble et l'harmonisation des relations entre la France et la Tunisie). L'objectif est aussi de profiter de la force électorale de 500.000 binationaux pour avoir de la visibilité et rassembler le plus grand nombre des associations dont le nombre avoisine les 250, en France uniquement. Ces initiatives disparates ont vocation à se retrouver autour d'une plateforme d'action. Des contacts ont lieu qui œuvrent pour fédérer toutes les compétences et toutes les initiatives associatives autour d'objectifs communs. L ‘écueil reste le positionnement politique des uns et des autres. Les dernières élections ont dégagé trois grandes tendances qui travaillent le tissu associatif : une tendance islamiste très active, mais autonome, une tendance gauchisante représentée dans les Assises et une autre « indépendante » du politique revendiquant un travail purement associatif. Dans l'état actuel des choses, rassembler toutes ces composantes n'est pas chose aisée vu le passif historique, les positionnements idéologiques et les égos surdimensionnés. Certains parmi les animateurs des associations revendiquent une dynamique associative de rassemblement autour d'une plateforme commune qui représenterait toutes les compétences, les associations, les collectifs et qui fonctionnerait de façon démocratique suite à des élections. C'est autour de ces thèmes que s'orientent les différentes initiatives de restructuration de l'immigration, pour capitaliser sur le succès indéniable des premières Assises de l'immigration malgré les insuffisances constatées. Un travail important reste à accomplir en matière de concertation, d'organisation démocratique, de communication et d'élargissement pour intégrer d'autres personnes et structures dans cette dynamique qui devrait aboutir à créer une structure qui constitue un vis-à-vis tant pour les autorités françaises que pour le gouvernement tunisien.