Aïssa Gouirah est membre de l'union des plasticiens tunisiens depuis 1999. Illustrateur et peintre autodidacte, il a entamé sa carrière artistique en 1982 par l'illustration des contes pour enfants, Il a participé aussi au concours de la Bande Dessinée à Charleroi en Belgique (1992), puis au concours des illustrations de contes pour enfants au Japon (1993). Encouragé par le grand peintre tunisien Noureddine Khayachi qui a découvert son don pour la peinture au début des années 70, il prend aussi des cours académiques de 1989 à 1994 au centre culturel italien de Tunis, guidé par le professeur Sylvain Montéléone. Il expose pour la première fois en 1994 au centre culturel italien de Tunis. Et depuis, il a enchaîné les expositions : M.C. Ibn Khaldoun, Galerie Ali Guermassi... Il participe régulièrement à l'exposition annuelle de l'union des artistes tunisiens et à plusieurs expositions à l'étranger (Algérie, Yémen…). Il reçoit le troisième prix au Festival des Arts Plastiques à Radès.il est chargé actuellement de l'animation d'un club de peinture à la Maison Ibn Rachiq, après la fermeture du centre culturel libyen où il a depuis plusieurs années, dirigé des clubs de peinture. Ses œuvres, dont les sources d'inspiration sont diverses, touchent à plusieurs techniques : de la nature morte à l'abstrait, de l'illustration au portrait. Il varie également les matériaux : aquarelle, pastel, acrylique et huile, quoiqu'il ait une prédilection pour la peinture à huile. Quant aux thèmes abordés dans ses ouvrages, ils touchent presque à tout : patrimoine, orientalisme, nature… Toutefois, notre artiste trouve son inspiration surtout dans les chevaux et les femmes qu'il réussit à peindre merveilleusement. Dans toutes ses œuvres, ni les bonnes idées ni l'esprit de créativité ne lui font défaut ! Rencontré récemment dans son club de peinture à Tunis, l'artiste nous a accordé cet entretien :
Le Temps : quelle est au juste votre mission à la Maison de la Culture Ibn Rachiq ? Aïssa Gouirah : eh bien, je dirige ce club de peinture qui vient d'ouvrir ses portes aux jeunes amateurs de l'art. J'ai été depuis plusieurs années le responsable du Club de peinture au centre culturel libyen à Tunis qui vient de mettre fin à ses activités suite aux derniers événements survenus en Libye. Ce nouveau club est encore à ses débuts et il est ouvert l'après-midi de chaque vendredi. Pour le moment, les adhérents ne sont pas nombreux. * Parlons de votre expérience en tant qu'illustrateur. - Oui, en effet, j'ai commencé ma carrière en tant qu'illustrateur : j'ai assuré les illustrations de plusieurs contes pour enfants. De plus, mes travaux de Bandes Dessinées ont été sélectionnés pour la finale de la 8è Biennale BD Awards à Charleroi en 1992 et j'ai participé au concours des illustrations de contes pour enfants au Japon 1993. *Quand et comment êtes-vous venu au monde de l'art plastique ? - La peinture est tout d'abord un don. J'ai découvert ce don dès l'enfance quand je dessinais sur les pupitres et les murs des salles de classe. Je me souviens encore de mon premier dessin que j'ai fait à l'âge de six ans : c'était le dessin d'un lion qui a suscité l'admiration de mon instituteur et de mes camarades. Plus tard, j'ai dû me perfectionner dans ce domaine grâce aux encouragements de Noureddine Khayachi et avec les cours que j'ai suivis au Centre Culturel Italien. Ma première exposition a été en 1994 à la Maison de la culture Ibn Khaldoun. Depuis, j'ai participé régulièrement à l'exposition annuelle de l'union des artistes tunisiens dont je suis membre depuis 1999, j'ai trois expositions personnelles, et plusieurs autres collectives. J'ai obtenu le troisième prix au festival des Arts plastiques de Radès 1992. *Dans quel courant artistique préfériez-vous être classé ? -Personnellement, je suis influencé par l'école italienne. Cependant, l'artiste doit être au courant de toutes les écoles et les mouvements artistiques, c'est fondamental pour sa formation. C'est à partir de ces courants qu'il érige sa propre vocation, son style personnel pour parcourir son chemin. *Vous avez varié les techniques et les matériaux dans vos œuvres. Serait-ce un choix ? -Oui, en effet, surtout en début de carrière. J'ai essayé la nature morte, le figuratif pour arriver enfin à l'abstrait. De même, j'ai utilisé le pastel, l'aquarelle, l'acrylique et la peinture à huile. L'aquarelle est plus difficile que la peinture, car il faut achever l'ouvrage une fois commencé, alors qu'un ouvrage de peinture à huile peut prendre assez de temps pour être accompli. J'ai toujours opté pour le moins facile, je me suis toujours dit que si je réussis en aquarelle, tout le reste sera aisément abordable ! *La femme et le cheval sont deux éléments omniprésents dans vos œuvres. Pourquoi ? -Oui, mes œuvres s'inspirent beaucoup de ces deux éléments, car ils représentent la beauté, qualité qui les distingue de toutes les autres créatures. J'ai beaucoup de tableaux traitant de la femme et du cheval. Mais, j'ai travaillé aussi sur d'autres thèmes : le patrimoine, la Médina, le paysage et dernièrement j'ai réalisé plusieurs tableaux sur la Révolution. *un chef-d'œuvre est considéré comme tel pour sa valeur esthétique ou pour le message qu'il véhicule ? -Les deux à la fois ! Cependant, le côté esthétique est primordial dans un chef-d'œuvre, surtout pour attirer le regard du public. Et puis, ce chef-d'œuvre peut prêter à plusieurs interprétations, vu sous tel ou tel angle. D'où peuvent émaner plusieurs messages ! *Quel avenir de l'art, selon vous, après la Révolution ? -Après la Révolution, l'artiste est devenu plus libre qu'auparavant. On assiste aujourd'hui à un grand boom d'artistes peintres et photographes et une grande activité créatrice dans le domaine des arts plastiques. Je pense que les artistes ne doivent plus avoir peur et que la liberté de création doit se renforcer davantage. Je recommande à tous les amateurs de l'art de s'expérimenter davantage, car c'est l'expérience qui mène à la perfection. Il faut qu'ils soient passionnés et armés de patience ! Rien au monde ne peut entraver la créativité des artistes. Propos recueillis par Hechmi KHALLADI