Nous voilà donc devenus la tribune du haut de laquelle les prédicateurs maléfiques crachent leur venin sociétal au nom d'une rédemption œdipienne, une frustration sexuelle et, par delà le sexe, une frustration identitaire. Qui a invité ce sinistre prédicateur à déployer son show dans nos murs devant un parterre d'illuminés ? Si l'on considère que les libertés et la démocratie ont été castrées durant des décennies, et si l'on considère qu'une démocratie islamique peut servir de modèle inédit de tolérance, de retour à l'identité et de valeurs républicaines, on ne s'expliquera pas que des mécréant – oui un mécréant – un psychopathe répondant au nom de Wajdi Ghonaïm cherche à sublimer des techniques immondes, moyenâgeuses, et interdites par le Coran et toute la Sunna musulmane. Il est clair que la pratique d'un Islam tolérant en Tunisie est prise comme cible par les extrémistes. Mais ce qui est réellement troublant, c'est le laxisme suspect – et complaisant – des forces d'Ennahdha et, par-dessus tout, le silence stratégique de Cheikh Rached, à l'évidence lui-même dépassé par les mouvances dans lesquelles s'empêtre, quelque part, l'Islam en Tunisie. Les mosquées échappent au contrôle des Nahdhaouis modernistes et réformateurs. Nous espérions depuis le début que Cheikh Rached se prononce sur cette question cruciale : peut-on réussir une démocratie islamique si le noyau central ne maîtrise pas l'acharnement iconoclaste des ultras intégristes ? Peut-on être une lueur d'espoir vient-elle de Ali Larrayedh qui a parlé de la prétention des terroristes d'instituer un Emirat islamique en Tunisie. Oui, mais Moncef Marzouki n'exclut pas l'attribution – sous certaines conditions – de son visa au « parti Ettahrir ». Et alors toute la question consiste en ceci : peut-on cohabiter avec ces gens ? Acceptent-ils la règle démocratique ? N'ont-ils pas pour cible d'abord la femme, ensuite la Démocratie et Ennahdha elle-même. On verra ce qu'en dira Tarik Ramadhan, dans quelques jours, à Tunis.