«Les élus du peuple à la Constituante ne parlent que des problèmes des adultes. Les enfants sont négligés…Nous sommes négligés…Ne nous oubliez pas s'il vous plait ». Ces appels ont été adressés hier, aux constituants lors d'un colloque organisé par l'Association Tunisienne de Défense des Droits de l'Enfant en collaboration avec l'UNICEF. Placé sous le thème « l'enfant, citoyen silencieux », le colloque était une occasion pour insister sur l'importance d'inclure les droits de cette frange de la société dans la Constitution. Mais de quels droits s'agit-il ? En fait, la Convention Internationale des Droits de l'Enfant stipule qu'il est impératif de protéger les petites créatures- âgées de moins de 18 ans- contre toutes les formes de violence, d'exploitation et de maltraitance. Les enfants ont le droit de grandir dans un environnement équilibré, où l'on offre des conditions de vie susceptibles de forger un individu équilibré. Dès lors, il a droit -dès sa petite enfance- à une vie décente, à la santé, à l'éducation, aux loisirs et à la protection contre la violence physique, la violence morale, et psychologique…Il ne doit pas faire l'objet de stigmatisation, ni d'exploitation sexuelle, matérielle ou économique.
Textes déjà promulgués
En Tunisie, des textes de loi protégeant les enfants ont toujours existé mais, leur application de manière rigoureuse et stricte a toujours fait défaut. Nul ne peut nier qu'il existe dans notre pays une enfance menacée, agressée ou carrément exploitée par les adultes. Il est en effet, très fréquent de voir des petites créatures qui mendient, ou des nourrissons qui sont utilisés pour cette finalité. Mais comment pouvons-nous les protéger ? Les élus du peuple sont-ils en train de songer à cette frange de la société tunisienne, aux futures générations ? «Dans cette phase de reconstitution, il faut préserver les avancées réalisées et le dispositif de protection mis en place. Les efforts de tous et de toutes doivent être conjugués pour protéger efficacement les enfants et garantir la pleine réalisation de leurs droits », appelle Mme Maria Luisa Fornara, Représentante de l'UNICEF en Tunisie. Elle considère « qu'aujourd'hui la Tunisie est appelée à intégrer dans son processus de réforme constitutionnelle des clauses spécifiques à la protection des droits de l'enfant ». Sur quoi doivent-elles se baser ? « En plus du renforcement de la législation en vigueur de la protection des droits de l'enfant, la Tunisie est tenue, conformément aux observations du Comité des Droits de l'enfant émanant de l'examen de son dernier rapport en juin 2010, de créer une institution indépendante pour promouvoir ces droits et défendre l'intérêt des enfants », considère la représentante de l'UNICEF. Et d'expliquer : « Il s'agit d'un mécanisme de protection destiné à surveiller l'action des autorités, à veiller au respect des droits de l'enfant et à dénoncer les atteintes dont ils font l'objet ». Elle ajoute que « la mise en place d'une telle institution constitue un engagement dans la reconnaissance et la mise en œuvre des droits des enfants. Cela témoigne également, de l'acceptation par l'Etat de rendre des comptes sur des engagements ». Cette mesure « rassure les enfants ». Ils ont besoin de « disposer d'un défenseur auquel ils peuvent avoir recours dans les situations difficiles ». Ils l'ont bien exprimé hier en suppliant les élus du peuple de leur prêter attention, de ne pas les oublier parce qu'ils sont tous d'accord sur le fait qu'ils sont négligés. Inscrire les droits de l'enfant dans la Constitution, tout en préservant les acquis qui leurs sont déjà accordés demeure ainsi, la responsabilité des constituants. Ils ne doivent pas oublier que la Tunisie a des engagements vis-à-vis des organisations internationales et qu'il faut impérativement respecter et concrétiser. L'article 319 du code pénal amendé en 2010 doit être consolidé. Les commissions de préambule et des principes de la Constitution, et des droits et des libertés sont appelées à préserver les droits de tous les enfants tunisiens pour les consolider davantage. « C'est possible, si l'on y croit », selon la représentante de l'UNICEF.