La tombe du co-fondateur de la mosquée El Bessi à Oualagh, dans la campagne djerbienne, vient d'être profanée la nuit du samedi 10 mars par des inconnus non encore identifiés. Construite en 1784 par les frères El Bessi, fils de Hadj yahia, Mohamed, Salem et Othman, elle sombra depuis quelque temps dans l'anonymat et l'abandon après avoir été peu à peu désertée, avant d'être ensuite récupérée et restaurée à maintes reprises, en 2002, 2004, 2006 et en 2010, par l'Association pour la Sauvegarde de l'Île de Djerba avec le concours de l'Institut National du Patrimoine, de la municipalité de Houmt-Souk, du gouvernorat de Médenine et de la Famille El Bessi. Un tel acte n'est pas sans nous en rappeler un autre aussi grave et méprisable, perpétré une année auparavant dans la mosquée millénaire de Sidi Yati où reposait depuis 1050 ans la dépouille de l'illustre érudit qui fut à l'origine de l'existence même de la mosquée et dont les ossements avaient été extirpés puis éparpillés dans la nature. Qui aurait été donc derrière ces agissements crapuleux ? Qui en voudrait à des sépultures séculaires et millénaires pour se permettre une telle ignominie ? Sont-ce ces mêmes éternels chercheurs des trésors illusoires enfouis qui ont macabrement profané de similaires lieux de culte en souillant la mémoire de qui y repose en toute quiétude des siècles durant? Sont-ce ces détraqués de la dernière heure, ces salafistes rigoristes adeptes des interprétations les plus saugrenues, les plus insensées, les plus irrationnelles et qui ont fait déjà leur preuve dans le cas de la mosquée de Sidi yati ? Cette thèse n'est pas à exclure, d'autant que ce si beau monument, sauvé de la dégradation et récupéré à temps grâce aux efforts conjugués de toutes les parties évoquées, est désormais entre les mains de ces barbus qui ont sauté, sans trop attendre, sur l'occasion pour occuper l'espace et le gérer comme bon leur semble.