Le Temps-Agences - Les cinq infirmières et le médecin bulgares emprisonnés pendant huit ans en Libye où ils avaient été accusés d'avoir inoculé le virus du sida à des centaines d'enfants sont arrivés hier à Sofia quelques heures après leur libération. Les six praticiens, qui ont toujours clamé leur innocence, étaient à bord d'un avion du gouvernement français, accompagnés de l'épouse du président français Nicolas Sarkozy, Cécilia, et de la commissaire européenne aux Relations extérieures Benita Ferrero-Waldner. Le président français, son épouse et Mme Ferrero-Waldner ont été faits citoyens d'honneur de Sofia, a annoncé hier la mairie de la capitale bulgare. L'annonce du retour en Bulgarie des infirmières et du médecin avait été faite simultanément à Sofia et à Paris hier à l'aube. Sur le tarmac de l'aéroport, les six Bulgares libérés sont tombés dans les bras de leurs proches. "Je n'ai vécu que pour ce moment", s'est exclamée, les larmes aux yeux, l'infirmière Snejana Dimitrova, 54 ans, en présence de son fils Ivaïlo et de sa fille Paulina. A côté d'elle, Valentina Siropoulo, 48 ans, retrouvait son fils, collégien à son départ en Libye dans les années 1990 et désormais étudiant à l'université. "Je suis en Bulgarie, la grande Bulgarie !", s'enflammait le médecin d'origine palestinienne Achraf Joumaa Hajouj, récemment naturalisé bulgare. Il doit maintenant se rendre aux Pays-Bas où sa famille a trouvé asile en 2004. En guise de cadeau de bienvenue, le président de la république Guéorgui Parvanov les a tous graciés, pour qu'ils puissent revenir libres sur le sol bulgare. Les cinq infirmières arrivées en Libye dans les années 1990, après la fin du communisme en Bulgarie, espérant mieux y gagner leur vie que dans leur pays, et le médecin, venu pour un stage, avaient été accusés d'avoir inoculé le virus du sida à 438 enfants libyens dont 56 sont décédés. Ils avaient été condamnés à mort, une peine finalement commuée en peine de prison à vie, ce qui a permis leur extradition. Leur libération ouvre désormais la voie à un renforcement des relations entre l'Union européenne et la Libye, ont fait savoir à l'unisson hier des responsables européens de premier plan. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a annoncé s'être engagé auprès du numéro un libyen Mouammar Kadhafi à travailler à une normalisation des relations entre Bruxelles et Tripoli. Le Portugal qui assure la présidence tournante de l'UE a salué le "rôle constructif" de la Libye. "L'affaire a été réglée. Nous avons reçu des garanties pour la normalisation des relations avec les pays européens et pour un accord de partenariat avec l'Union européenne", s'est félicité un responsable gouvernemental libyen qui a requis l'anonymat. Tripoli a en outre obtenu des garanties pour le traitement des enfants et pour la réhabilitation de l'hôpital de Benghazi (nord) où des enfants libyens ont été contaminés par le virus du sida. Le président français Nicolas Sarkozy a annoncé hier qu'il effectuerait aujourdhui un "déplacement politique" en Libye pour aider ce pays "à réintégrer le concert des nations". Il a affirmé que "ni l'Europe ni la France" n'avaient "versé la moindre contribution financière à la Libye" pour obtenir la libération des Bulgares et a salué "la médiation et l'intervention humanitaire du Qatar". Le chef de la diplomatie libyenne, Abdelrahman Chalgham, a à ce sujet fait une sorte de mise au point, affirmant que l'UE et Paris avaient contribué aux compensations financières accordées par le Fonds spécial de Benghazi d'aide aux familles des enfants libyens contaminés par le sida. "Tout le monde a payé le Fonds, y compris l'Union européenne et la France. Ils ont couvert les sommes versées aux familles et même plus", a-t-il déclaré à Tripoli. La Fondation Kadhafi a déclaré hier qu'elle avait eu des "réserves" lorsque la justice libyenne avait prononcé les condamnations.