Le président de la République provisoire Moncef Marzouki a présidé, hier, à Djerba, une cérémonie à l'occasion du 10e anniversaire de l'attentat de la Ghriba. Marzouki a dévoilé une plaque commémorative posée devant la synagogue, à la mémoire “des Tunisiens et des hôtes de la Tunisie tombés en victimes de cette lâche agression”, a-t-il dit, exprimant sa vive compassion avec les familles des victimes. “Les Tunisiens, profondément attachés aux valeurs de tolérance et de modération prônées par l'Islam et par les principes des droits de l'Homme, rejettent toute forme de violence ciblant des civils innocents”, a indiqué le président de la République dans une allocution prononcée à l'intérieur de la synagogue. “Toute ségrégation à l'encontre des Juifs, de leurs vies, leurs biens et leurs croyances est totalement rejetée” a-t-il ajouté, affirmant que “les Juifs font partie intégrante de notre peuple. Ils ont tous les droits et obligations, et leur violation constitue une agression contre tous les Tunisiens”. Réaffirmant le souci de “protéger tous les citoyens” et de “les traiter sur le même pied d'égalité”, Marzouki a condamné les récents meurtres d'enfants juifs en France. Le Grand Rabbin de Tunisie Haïm Bittan a souligné que “ce site sacré, ancien et simple, est le symbole de la fraternité entre Juifs et Musulmans”. Des Juifs tunisiens qui ont pris part à la cérémonie se sont félicité de cette commémoration. Ils ont affirmé à la correspondante de l'Agence TAP que cette célébration “est de nature à les rassurer”. Perez Trabelsi, président du comité de la Ghriba et de la communauté juive de Djerba, a estimé que la visite du président de la République revêt plusieurs significations. “La visite du président Marzouki vient renforcer le rapprochement entre Juifs et Musulmans tunisiens, et consolider la cœxistence pacifique”, a-t-il indiqué, considérant également que “c'est un message de paix adressé à tous les Juifs de la terre pour qu'ils effectuent cette année le pèlerinage de la Ghriba en toute tranquillité”. Le président Marzouki a également rencontré des familles de victimes de l'attentat qui ont dénoncé “l'indifférence et la négligence de l'ancien régime”. Le 11 avril 2002, un camion-citerne de gaz naturel bourré d'explosifs a sauté devant la synagogue, tuant 21 personnes: 14 touristes allemands, 5 Tunisiens et 2 Français. Trente personnes ont également été blessées dans l'attentat-suicide commis par un franco-tunisien de 25 ans qui aurait appartenu au mouvement Al-Qaïda.
Un «message de paix» Le 11 avril 2002, une personne présumée appartenir au réseau d'”Al Qaida” a fait exploser un camion citerne devant la synagogue de la Ghriba alors que les préposés aux affaires de ce lieu de culte entreprenaient des travaux d'embellissement, en prévision de la saison de pèlerinage des Juifs, prévue chaque année en mai. L'attentat a fait 21 morts (cinq Tunisiens, 14 touristes allemands et deux français) et 30 blessés. En dépit du blackout total imposé par l'ancien régime sur les tenants et les aboutissants de cet acte terroriste, qui l'avait qualifié de “simple incident”, il n'en demeure pas moins que ses retombées sur le tourisme en Tunisie étaient négatives, en témoigne la baisse du nombre des touristes allemands affluant sur la Tunisie durant les années qui s'en suivirent. Plusieurs observateurs estiment que la visite du président de la République au synagogue de la Ghriba est porteuse d'un “message de paix” et constitue un “geste symbolique important”, hautement salué par la communauté juive tunisienne. La visite du président Marzouki vise à tourner la page du passé, de même qu'elle tend à jeter les bases d'une nouvelle étape fondée sur la pleine et entière citoyenneté de l'ensemble des Tunisiens sans discrimination aucune.