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«La gauche n'a jamais été accusée de préparer un coup d'Etat ou d'avoir aspergé d'acide de paisibles citoyens; commencez par balayer devant votre porte» Controverse: Hamma Hammami, secrétaire général du PCOT, répond aux accusations de Rached Ghannouchi
Le secrétaire général du Parti Communiste Ouvrier de Tunisie (PCOT), Hamma Hammami, a répondu du tac au tac au leader du mouvement islamiste Ennahdha Rached Ghannouchi qui avait accusé mardi des «anarchistes staliniens» d'être à l'origine des troubles ayant opposé forces de l'ordre et manifestants à l'occasion de la célébration de la fête des martyrs, le 9 avril. «Le PCOT est régulièrement mis au banc des accusés chaque fois que des troubles éclatent dans le pays. C'est comme si ce parti est le perturbateur désigné ou le trublion de la République. En tout état de cause, je défie Rached Ghannouchi de fournir des preuves sur le recours de notre parti à la violence», a martelé d'emblée le leader du PCOT. Et d'ajouter sur un ton sermonneur: « La gauche n'a jamais été accusée durant les innombrables passages de ses militants devant la Cour de sûreté de l'Etat de préparer un coup d'Etat impliquant des officiers de l'armée, d'avoir aspergé d'acide des paisibles citoyens ou d'avoir a été à l'origine d'attentats meurtriers contre des hôtels. Alors, commencez par balayer devant votre porte », a-t-il lancé aux dirigeants d'Ennahdha. Dans ce même chapitre, le chef du PCOT a qualifié de « ridicule» la théorie du complot ourdi par la gauche que le mouvement islamiste Ennahdha sort à tout bout de champ pour discréditer tous les mouvements de protestation. «D'une part on nous appelle ironiquement zéro virgule, de l'autre on nous impute un grand pouvoir de mobilisation populaire. Cherchez l'erreur », a-t-il notamment indiqué. Selon lui, la contestation sociale échappe à toute tentative d'instrumentalisation par les partis politiques. «La colère populaire n'est pas feinte. Elle est motivée par les divers problèmes socio-économiques comme le chômage, la cherté de la vie et les déséquilibres régionaux. L'opposition et les médias ne font que critiquer le laxisme du gouvernement et certains de ses choix économiques. N'est-ce pas là l'essence même du jeu démocratique» ? souligne m. Hammami. Incapacité Le leader du PCOT va encore plus loin accusant, le gouvernement d'avoir réactivé la machine de la répression héritée intacte de l'ère ben Ali pour museler les manifestants réclamant l'emploi, la dignité et la liberté et cacher ainsi son incapacité à apporter des réponses adéquates aux problèmes socio-économiques. « Le retour de la répression policière révèle l'incapacité du gouvernement à résoudre les problèmes socio-économiques », a-t-il précisé, tout en suggérant un « plan de sortie de crise» prévoyant notamment la suspension du paiement de la dette extérieure pendant trois ans, la mise en place d'un impôt sur les grandes fortunes et l'accroissement de la pression sur les gouvernements des pays abritant des avoirs détournés par le clan Ben Ali en vue de récupérer ces magots. Sur un autre plan, Hamma Hammami a noté que plusieurs indices prouvent que les milices d'Ennahdha ont prêté main forte aux forces de l'ordre pour réprimer les manifestants, le 9 avril. «Des éléments civils qui ne portent aucun signe prouvant leur appartenance au corps de la police ont insulté et agressé des dirigeants de partis politiques ou des personnalités de la société civile. Ces hommes accusaient les uns d'être des affidés du rassemblement constitutionnel Démocratique (RCD) et reprochaient à d'autres d'appartenir à des partis de gauche, tout en défendant mordicus le choix d'Ennahdha. Les policiers peuvent-ils se comporter ainsi», s'interroge-t-il, rappelant que même certains représentants des partis alliés d'Ennahdha, dont le porte-parole officiel d'Ettakatol Mohamed Bennour, ont reconnu l'existence de ces milices. « Il faudrait ouvrir une enquête sérieuse et indépendante sur ces milices. Ce phénomène est d'autant plus inquiétant qu'il pourrait conduire le pays à une véritable guerre civile »