Insistant sur «le blocage politique» de l'actuel gouvernement, le leader du Parti communiste ouvrier tunisien Pcot a critiqué Ennahdha qui, selon lui, accapare la prise de décision et ne trouve pas les solutions adéquates ni au chômage, ni à la disparité entre les régions en matière de développement. Le porte-parole du Pcot, Hamma Hammami, a dénoncé, hier, lors d'une conférence de presse, le recours à la répression comme moyen pour contourner la nécessité d'entreprendre des réformes urgentes et des actions prioritaires à l'instar de la protection des acquis de la révolution. D'après lui, le gouvernement connaît actuellement un blocage politique alors que le Mouvement Ennahdha s'accapare le pouvoir sans pour autant proposer de réelles solutions aux problèmes du chômage, de régression du pouvoir d'achat du Tunisien et d'inégalité des chances de développement régional. «La liberté d'expression est un acqui que nous devons défendre. Il y a même des membres des partis de la Troika qui ont dénoncé le recours à la violence et l'implication de milices dans la répression des manifestants. Plusieurs personnalités et constituants, à l'image de Souhir Belhassan, présidente de la Fédération internationale des droits de l'Homme, et Ahmed Seddik, membre du conseil de l'Ordre des avocats, ont confirmé la présence de ces milices. Certains parmi eux ont été même agressés lors de la fête des Martyrs. J'étais personnellement agressé verbalement. Ce gouvernement refute toute critique de son action spécialement de la part des journalistes qu'il veut faire taire. Il oublie qu'on est dans une période transitoire qui intervient suite à une révolution», a-t-il déclaré. Le leader du Pcot a évoqué le manque de communication du gouvernement et le manque de clarté concernant son programme d'action. Il a d'autre part souligné l'aggravation de la situation des chômeurs et le manque de respect envers les familles des martyrs de la révolution. Un danger nommé «milices» La conférence de presse apparaît comme une forme de réponse aux accusations formulées par les dirigeants du Mouvement Ennahdha à l'encontre du Pcot. En effet, Hamma Hammami a d'emblée déclaré : «Il est certain qu'il y avait des sympathisants d'Ennahdha parmi les milices, portant des tenues civiles, qui ont insulté et agressé les manifestants lors des dernières manifestations. Lors de marches précédentes, on a vu des groupes, portant des brassards d'Ennahdha, agresser les gens. Aussi, Rached Ghannouchi a parlé de comités de protection de la révolution. Je me demande qui pourraient être ces comités s'ils ne sont pas d'Ennahdha? Je n'ai jamais vu de policier muni d'un bâton à la main et sans aucun signe distinctif. Je crois qu'il faut accorder à ce phénomène de milices toute l'attention nécessaire pour le cerner alors que certains responsables restent muets, ce qui aurait de graves incidences sur la situation sécuritaire dans le pays». Hamma Hammami a affirmé que son parti, en coordination avec différentes parties de la société civile, fera pression sur l'Assemblée constituante afin qu'elle constitue une commission impartiale pour étudier rapidement ce phénomène outre une campagne politique visant à sensibiliser les citoyens sur le danger que représentent ces milices. Dans ce sens, il a présenté plusieurs vidéos montrant des citoyens qui rapportent ce qu'ils ont vécu le 9 avril, dont certains ont été agressés. «Le président d'Ennahdha, à chaque fois qu'il y a eu des protestations, évoque les partis minoritaires ou les partis «du zéro virgule» comme il aime nous nommer. Je défie quiconque et en premier le président d'Ennahdha de produire une quelconque preuve sur l'implication de l'un des militants du Pcot dans une affaire de violence ou d'attaque d'un citoyen en utilisant de l'acide phosphorique... Qu'il fasse le ménage devant sa maison avant d'accuser les autres. Je tiens à préciser que notre parti oeuvre pour le bien de la nation. Pour ce qui est du ministre de l'Intérieur qui a évoqué le mauvais encadrement des militants des partis, je lui réponds qu'il doit encadrer ses agents avant tout. Et concernant ses accusations, je l'invite à fournir des preuves montrant que j'ai dit des propos ou fait des gestes déplacés. Un de ses policiers m'a insulté et allait m'agresser. Je lui ai dit : allez-y frappez moi. C'est tout. Ce genre de répression veut faire taire les voix des chômeurs et des gens qui défendent les intérêts sociaux des pauvres. Ce que nous défondons dans notre parti», conclut le porte-parole du Pcot.