Le congrès unificateur des partis centristes s'est tenu du samedi 7 au lundi 9 avril 2012 à Sousse. Il unit plusieurs partis dont le Parti démocrate Progressiste, Afek Tounes ou encore le Parti Républicain, du parti Al-Irada, du parti Al-Karama, du Mouvement Bladi, du Parti de la démocratie et de la justice sociale et de plusieurs listes indépendantes. C'était un événement « historique » comme l'a souligné Mohamed Louzir, et nécessaire à en juger par la scène politique clairement divisée. Cette alliance tant espérée a enfin vu le jour et soulève avec elle, une vague d'espoir dangereuse. A trop espérer, on finit par idéaliser. Devrait-on parler de sacrifices ?
L'unification de ces partis ne s'est pas seulement faite parce qu'ils partagent les mêmes valeurs mais davantage dans une optique politicienne, de victoire aux élections. Le plus grand nombre, celui qui rassemble le plus, gagnera le plus. Ce qui paraît légitime en soi, les partis politiques ne sont pas là pour faire de la figuration mais pour remporter les élections. Néanmoins, cette forme d'alliance qui voudrait occulter les points de désaccords pour s'attacher a ceux qui les rapprochent, trouvera devant elle de nombreux obstacles. S'unir dans le seul but d'abattre l'ennemi, est louable, mais dangereux. S'ils n'ont pas pu s'entendre avant les élections du 23 Octobre, c'est qu'il y avait une bonne raison. Faire entendre aujourd'hui que les différences ont été dépassées, une illusion ? Les forces en présence ne sont pas dupes, le PDP ayant eu davantage de pouvoir au sein du nouveau parti, s'attirera la convoitise. En effet, le PDP rafle 2/3 des 70% des postes de direction qu'il partage avec Afek Tounes. Les congressistes ont choisi Maya Jribi, figure emblématique, très appréciée sur la scène médiatique, au poste de Secrétaire Générale et Yassine Brahim au poste de Secrétaire Exécutif de cette nouvelle formation politique. Les autres partis et mouvement de toutes sortes, se partagent les 25% restant. Il est à noter néanmoins le retrait de Ahmed Néjib Chebbi qui ne s'est pas présenté à un poste de direction. Néanmoins, en sa qualité de fondateur du PDP, il a été élu président de la haute instance politique du Parti Républicain. Le partage semble pourtant juste, compte tenu du passé et des acquis de chacun, mais ceux qui se sentent lésés sauront se faire remarquer. Et justement, c'est là que le bât blesse, ce nouveau parti, détient en son sein de trop nombreux courants souvent opposés qui sèment le doute et la méfiance. Pourtant cette union est à placer sous le signe de la victoire, en effet, le parti Afek Tounes fort de ses technocrates contribuera positivement à l'élaboration d'un programme ‘'juste'' quand les structures du PDP offriront quant à elle un rayonnement plus que nécessaire.
Cette union pour la Tunisie sera-t-elle provisoire ?
En ce qui concerne le nouveau parti en lui-même les inquiétudes sont légitimes, cette naissance ne s'est pas faite sans douleurs, ce qui a pour cause de laisser généralement des cicatrices. Les différents compromis ont forcément entrainé des laisser pour compte et cela engendre souvent des difficultés d'adaptation. Beaucoup d'anti-PDP ou d'Afek Tounes ou autres d'ailleurs, trouveront toutes sortes de critiques à l'égard des dirigeants en place et d'autres opportunistes seront à mêmes de les utiliser a leurs fins. D'autres encore, qui ne voient pas d'un bon œil ce rassemblement, attiseront les plus bas sentiments humains. Le récent gel d'adhésion de Mahmoud Baroudi, élu à l'Assemblée Nationale Constituante et membre du Parti démocrate progressiste (PDP) qui déclare sur radio Shemsfm qu'il : « a gelé son adhésion au parti » ainsi que 8 autres membres. Il a également affirmé que cette décision a été prise suite aux dépassements enregistrés lors des élections du congrès. Ce type de ‘'séparation'' devrait devenir monnaie courante à partir du moment où certains n'obtiendront pas ce qu'ils briguaient.
Des militants courageux !
Ce nouveau parti encore frêle et désuni, devra s'armer de patience et de logique politique s'il veut prétendre a un avenir radieux. Le Parti Républicain est né, souhaitons-lui bon courage, car les monstres politiques ne lui feront pas de cadeau. Dans le même ordre d'idées, l'heure n'est pas encore au calcul politique, mais imaginons que leur ennemi commun, Ennahda, soit vaincu, quel lien restera-t-il entre ces partis qui ont aujourd'hui fusionné, mais dont les prétentions sont plus élevées les unes que les autres ? Ce qui est pour le moins certain aujourd'hui c'est le courage et la mobilisation des militants qui force l'admiration. Les projets, les programmes et les ambitions de chacun entraineront assurément ce parti vers le haut, il ne reste qu'a souder la base afin de garantir au Parti Républicain, une longue vie. La formation du Parti Républicain semblait nécessaire tant les tensions sociales sont vives. Il vient s'opposer au parti Ennahda, ce qui crée deux blocs, deux grandes forces aux capacités mobilisatrices grandissantes mais également frontales. Est-ce que le pays gagnera a voir ces deux grands se battre ? En tout cas, la fusion des partis centristes permet une meilleure garantie de la préservation des libertés individuelles. Est-ce que la démocratie perd de sa superbe ? L'union de ces partis est un coup, certes, il rogne sur la diversité et le pluralisme mais assure a ces votants ‘'démocrates'', du centre, que plus jamais leurs voix ne seront éparpillées. L'instant présent nécessite cette alliance afin de contrer une plus ample récupération des voix des indécis.