Sofiène Safta est un artiste tunisien multidisciplinaire : il est à la fois musicien, guitariste, compositeur et interprète. Connu surtout par sa fameuse guitare à double manche, il s'est distingué dans ses compositions de musique instrumentale. Avançant d'un pas lent mais sûr, il ne cesse de développer sa musique en la dotant de nouveaux genres puisés dans la musique du monde, s'ouvrant ainsi sur les autres expériences musicales universelles. Il a déjà dans son répertoire deux albums. Les mélomanes se souviennent encore de son premier album intitulé « Alam Jadid » où Sofiène Safta passe sans difficulté, en beauté et avec élégance, de l'oriental à l'occidental, des rythmes du jazz aux mélodies tunisiennes ou folkloriques, comme dans la chanson puisée dans le patrimoine « Hiz Ayounek » qui a été réadaptée sur un ton de jazz. Un deuxième album, intitulé « Miroir », qui est fait dans le même esprit, est déjà en vente en Tunisie et à l'étranger. Nous avons rencontré l'artiste qui nous a accordé cet entretien : Le Temps : pourriez-vous nous présenter votre dernier album ? Sofiène Safta : c'est un album qui associe la musique orientale et la musique occidentale. Une nouvelle vision de la musique instrumentale. Ont pris part à cette œuvre, des musiciens tunisiens et étrangers : De Tunisie, le pianiste Wissem El Ich, le flûtiste Montassar Mnaia et le batteur Mohamed Bali. D'Italie, le bassiste Franco Fernandes, et de Turquie le violoniste Hassanine Afanich. Ce sont des musiciens que j'ai rencontrés ici en Tunisie au cours des stages et avec qui j'ai travaillé dans des concerts à l'étranger. Le dernier album comporte huit morceaux : « Souvenir d'enfance », « Sahara », « Carthage », « Miroir », « Nassamet », « Sirène », Danse de l'oasis » et « Sahara Remix ». Il s'agit d'un cocktail de musique instrumentale qui mélange entre des sonorités orientales et occidentales. * On dirait que la musique instrumentale (sans paroles) n'est pas encore bien appréciée par le public tunisien. Qu'en pensez-vous ? - Cela est peut-être dû au fait qu'il n'y a pas en Tunisie des maisons de disques qui s'intéressent à ce genre de musique. Pourtant, cette forme de musique prospère en Occident. C'est aussi parce qu'elle est peu ou pas proposée dans nos radios. On essaie toujours de pouvoir toucher un public plus large par ce genre de musique très en vogue à l'étranger, d'autant plus qu'elle constitue une fusion entre plusieurs langages musicaux. * Y a-t-il un nouvel album en vue ? - Oui, ce sera pour fin juin ! Il portera comme titre « Vivre Ensemble », un titre qui sera chanté en trois langues. En voici un extrait : « Quelle que soit ta couleur de peau, noir ou blanc ; quelle que soit ta religion, juif, chrétien ou musulman, vivre ensemble, c'est le plus important. » C'est un appel à la tolérance, à l'ouverture vers l'autre et à la paix pour toute l'humanité. Il n'y aura pas de place dans la Tunisie post-Révolution pour la ségrégation ou l'exclusion. Le Tunisien restera toujours ouvert à toutes les cultures et les civilisations. * D'autres projets ? - Le 21 avril, je serai l'hôte de Lion's Club de Monastir dans un gala pour une action humanitaire au profit des enfants autistes de la région du Sahel. C'est l'occasion de mettre notre musique au service des actions sociales et bienveillantes. C'est le deuxième gala organisé par cette Association, le premier étant assuré musicalement par Dorsaf Hamdani. C'est une bonne initiative que de penser à des artistes tunisiens pour animer ce genre de gala. A part cela, il va y avoir éminemment la Semaine Culturelle Tunisienne en Italie pendant laquelle je serai présent à deux occasions, lors de deux concerts, les 23 et 26 avril. Par la même, on procèdera à l'enregistrement d'une vidéo clip en plusieurs langues entre les deux rives de la Méditerranée (Carthage et Sicile) à laquelle participeront des chanteurs italiens, histoire de consacrer la dimension civilisationnelle de la Tunisie et servir l'image touristique de notre pays. Propos recueillis par: Hechmi KHALLADI