Après avoir longtemps tourné exclusivement leur regard vers la rive nord de la Méditerranée, les acteurs économiques tunisiens tentent de mettre le cap sur le sud. C'est du moins ce qui ressort d'un séminaire sur le thème « les marchés africains: opportunités et moyens d'accès », organisé, hier, par le Centre de promotion des exportations (CEPEX). A l'ouverture de ce séminaire, Riadh Attia, directeur central du CEPEX a révélé que la valeur des exportations tunisiennes de biens et services vers l'Afrique a atteint 600 millions de dinars en 2011, soit une hausse de 600% par rapport à l'année 2004. Selon le responsable du principal organisme public chargé de la promotion des exportations, ce chiffre reste, toutefois, en deçà de l'énorme potentiel qu'offre le continent noir. « L'Afrique est compte un milliard d'habitants et enregistre une croissance qui dépasse de loin la moyenne mondiale », indique-t-il. En 2012, le continent, devrait enregistrer une croissance économique de 5,3 %, selon les prévisions du FMI. Et c'est pour cette raison d'ailleurs que les grandes puissances économiques mondiales comme les Etats-Unis, la France, l'Allemagne et l'Inde y jouent des coudes. Les entreprises tunisiennes rencontrent, quant à elles, plusieurs difficultés pour accéder aux marchés africains, selon une étude sur les échanges commerciaux entre la Tunisie et l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). « Il s'agit essentiellement de l'insuffisance de l'information, du manque d'accompagnement par les institutions financières, de coûts de transports élevés et d'une couverture insuffisante par les assurances », précise Ali Chelbi, PDG du cabinet de conseil aux entreprises AC Consulting. Approche sélective Pour contourner ces freins à l'exportation vers l'Afrique, l'étude d'AC Consulting recommande la mise en place de lignes de crédits spéciales, l'encouragement des banques tunisiennes à s'implanter au sud du Sahara et la création d'une banque de financement du commerce extérieur. Elle plaide aussi pour la création d'une SICAR dédiée à l'Afrique ayant pour mission de soutenir l'internationalisation tunisienne Le président de la chambre syndicale nationale des sociétés du Commerce international, rattachée à l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA) ; Taoufik Melayah, suggère, quant à lui, le classement des pays africains par ordre d'importance économique. Il recommande de cibler en priorité l'Union économique et monétaire ouest-africaine, qui regroupe 8 pays et 95 millions d'habitants. « Cette approche sélective nous permettra de ne pas gâcher nos efforts en essayant de conquérir des marchés des marchés difficiles d'accès », indique M. Melayah. Le représentant de l'UTICA plaide, par ailleurs, pour l'activation de la diplomatie économique à travers l'intensification du réseau des ambassades et des représentations diplomatiques tunisiennes en Afrique subsaharienne. Success-stories D'autre part, M. Melayah estime que les entreprises tunisiennes devraient aller au-delà des exportations biens. « Il faudrait tenter d'accroître les exportations des services d'autant plus que la Tunisie jouit d'une bonne réputation dans ce domaine. Ainsi les universités tunisiennes sont appelées à déployer davantage d'efforts pour attirer un plus grand nombre d'étudiants africains alors que les cliniques ou les sociétés d'ingénierie en informatiques devraient s'intéresser aux grandes opportunités qu'offre l'Afrique », suggère-t-il. Le responsable de la centrale patronale a, sur un autre plan, appelé les organismes compétents à communiquer sur les succes-stories des entreprises tunisiennes de plusieurs entreprises tunisiennes déjà présentes en Afrique subsaharienne comme le groupe Soroubat, qui a remporté plusieurs contrats pour la construction d' autoroutes en Afrique de l'ouest ou encore la Banque de l'Habitat, qui a piloté le lancement de plusieurs banques spécialisées dans le crédit immobilier au Congo, au Mali et au Burkina-Faso.