Oui, cela fait un moment que le ministre des Affaires religieuses prêche dans le désert. Il répète à l'envi et à qui veut bien l'entendre que « les mosquées sont des lieux de culte et non de propagande politique ». Il est vrai qu'on recense près de cent mosquées où les prédicateurs traitent de mécréants ceux qui ne partagent pas leurs dogmes obscurantistes. Sauf que M. Khadmi, responsable des Affaires religieuses dans un régime islamiste – oui, lâchons le mot : « régime » ! - devraient plutôt s'adresser aux siens, aux dignitaires d'Ennahdha, en parfaite symbiose avec leurs « frères salafistes », bien organisés en milices et prêts à devenir le bras armé d'Ennahdha au cas où les urnes desservaient celle-ci. Sans doute, est-ce lorsque les mosquées sont pleines qu'il faut s'interroger sur le dogme. Sans doute, aussi, la laïcité « légendaire » de la Tunisie se révèle-t-elle être d'une insoutenable fragilité parce que la répression féroce des religieux des temps de l'ancien régime (25.000 emprisonnements), a fait le lit de l'intégrisme. Car, nous ne serions pas – tous – inspirés de faire dans les nuances : les salafistes qui se revendiquent de la métahistoire de l'Islam, ne connaissent pas les valeurs du vrai salafisme. Ce sont, donc, des intégristes purs et durs. Et de surcroît, il pèse sur eux une sérieuse présomption de récupération de nombreux rejetons du RCD. Et alors, le ministre des Affaires religieuses a plutôt les mains liées : les cartes sont aux mains d'Ennahdha qui fait souffler le chaud et le froid et utilise indifféremment la séduction et l'intimidation. Raouf KHALSI Mouradf taieb fawwaz