Le Temps-Agences - La NASA est en pleine zone de turbulences. Des astronautes saouls, un ordinateur de bord saboté: autant de révélations dont l'agence spatiale américaine se serait bien passée à une dizaine de jours du prochain lancement de sa navette. Dans un rapport publié vendredi, un panel indépendant écrit avoir identifié au moins deux cas où "les astronautes avaient tellement bu avant le décollage que leurs coéquipiers et/ou les médecins avaient confié aux responsables sur site qu'ils étaient inquiets pour la sécurité du vol". "Ces individus avaient toutefois reçu l'autorisation de vol", poursuit le rapport. Le colonel Richard Bachmann, qui préside le panel, estime que le plus préoccupant dans cette affaire n'est pas tant que deux astronautes aient abusé de la bouteille, mais que les avertissements des médecins de vol sur leur ébriété n'aient pas été pris en compte. Par téléphone, il a donné un peu plus de détails sur les deux incidents. Dans le premier, après le report d'une navette pour des raisons techniques, un astronaute a rapporté que l'un de ses collègues avait trop bu. Dans le second, un astronaute a embarqué sur un vaisseau russe Soyouz à destination de l'ISS (station spatiale internationale) alors même qu'on avait signalé son ébriété. Dans une telle situation, si la NASA veut empêcher l'astronaute saoul de voler, les autorités russes peuvent très bien casser cette interdiction. En l'occurrence, on ignore si l'agence américaine a tenté de mettre son veto. Depuis longtemps, la NASA interdit à ses pilotes d'essai de boire durant les 12 heures précédant un vol. Cette politique a été étendue aux vols spatiaux, mais jamais de façon officielle. Ainsi, des boissons alcoolisées sont disponibles dans les quartiers de l'équipage, la zone du Kennedy Space Center où les astronautes passent les trois jours précédant le lancement. La NASA entend maintenant imposer officiellement ces 12 heures sans alcool avant les vols spatiaux. Elle est également en train de travailler sur un code de conduite des astronautes. Le panel recommande que lors de leur examen médical annuel, ces derniers fassent l'objet d'une évaluation psychiatrique, ce qui n'est pas le cas actuellement. L'autre scandale porte sur le sabotage d'un ordinateur de bord, qui sera utilisé à bord de la navette Endeavour qui décolle le 7 août. Invocon, une entreprise texane d'électronique, avait livré mi-juin des unités à Boeing, le principal sous-traitant de la NASA pour la station spatiale internationale. La semaine dernière, en testant l'un de ses appareils, Invocon a trouvé des fils sectionnés. Elle a donc averti Boeing. Le constructeur aéronautique a découvert des fils sectionnés sur deux unités, l'une en réserve et l'autre qui doit embarquer sur Endeavour. Boeing est en train de les réparer avec l'aide du personnel d'Invocon.