Les cimaises de la galerie d'art Saladin accueillent depuis le 16 mai et jusqu'au 10 juin 2012, une exposition de groupe intitulée « En toute liberté ». Dix artistes-peintres y participent avec plus d'une quarantaine d'œuvres, en grande partie, récentes. Sept femmes et trois hommes, chacun dans son style et sa vision plastique, s'expriment librement sur différents thèmes à travers une profusion de couleurs. Les techniques dominantes sont la peinture à l'huile et le pastel, les tableaux sont de dimensions variées, allant des plus petits formats jusqu'aux plus grands. Les exposants sont Abderrazek Snoussi, Ali Chibani, Fatma Atallah, Hella Ben Brahim, Michèle Kaffel, Samira Ben Amara, Souad Ben Mokhtar, Raja Bouhejba, Rachida Zamiti et Taoufik Ben Sghaier.
Michèle Kaffel s'intéresse aux activités traditionnelles de la Tunisie. Dans « Le Fellah et ses chèvres », elle peint ce paysan qui revient de son champ à dos d'âne accompagné de ses chèvres, les couleurs qui tirent sur l'ocre et le brun révèlent la campagne tunisienne au crépuscule. Cet autre tableau, intitulé « El meddeb » représente ce personnage de la religion musulmane qu'on voit assis sur son tapis, absorbé dans la lecture de son livre, révélant un cadre sobre où règnent le calme et la sérénité. Le tableau intitulé « Le marchand des épices », l'artiste reproduit une scène bien de chez nous, qu'on peut voir dans les souks populaires ou hebdomadaires du sud : le marchand des épices, cette activité artisanale qu'il faut conserver, en réaction au modernisme. « Dans mes travaux, nous confia l'artiste, j'ai toujours peint la Tunisie, mais j'aimerais toujours revenir aux personnages traditionnels, ils sont vrais, authentiques et il faut les immortaliser pour que les coutumes ne disparaissent pas. »
Abderrazek Snoussi s'intéresse plutôt à l'histoire et à la civilisation de la Tunisie en présentant ces quatre tableaux sans titres où figurent des personnages historiques inspirés dans le passé lointain de la Tunisie, des portraits qui rappellent l'époque des Carthaginois et de l'Empire romain. Ces quatre œuvres, selon les dires de l'artiste, consacrent l'art pour l'histoire. Ces portraits, tels des stèles ou des sarcophages, représentent des personnages légendaires qui auraient existé dans les époques anciennes de l'histoire de la Tunisie. Une approche plastique qui fait de ces quatre portraits une nouvelle vision de notre histoire.
Quant aux travaux de Souad Ben Mokhtar, ils sont dédiés au patrimoine national. Le premier tableau représente « El Ksour », ces habitations troglodytiques du sud tunisien, encore debout malgré les vicissitudes du temps. En les reproduisant, l'artiste met l'accent sur la lumière éclatante et l'espace libre et ouvert de la nature des régions du sud. « J'ai vécu pendant cinq ans dans le sud tunisien où j'étais fascinée par la lumière et la blancheur éclatante de la nature ; alors j'ai voulu immortaliser ce temps que j'ai passé là-bas ». Son deuxième tableau porte sur les produits de la poterie tunisienne. Le troisième, intitulé « Djerbienne » est un portrait de la femme à Djerba, enveloppée dans sa voile traditionnelle propre aux traditions vestimentaires dans cette île, coiffée de ce chapeau de paille très en vogue chez les femmes djerbiennes qui le mettent pour se prémunir contre le soleil ardent du sud. « Mon souhait est que nous revenions à ces habitudes de la tradition qui nous manquent de plus en plus ! », a espéré l'artiste
Rachida Zamiti, participant avec dix tableaux dont plusieurs en miniature, plonge dans la peinture de la nature morte, des paysages et de l'architecture des villes, notamment Djerba et Sidi Bou Saïd.
Taoufik Ben Sghaier, peint quant à lui, la nature dans « Printemps1 » et « Printemps2 », deux tableaux au format carré qui offrent une agréable mélodie de couleurs. D'autres artistes étaient présents à cette exposition collective, comme Raja Bouhejba, Fatma Atallah, Samira Ben Amara dont les œuvres portent essentiellement sur le patrimoine et les traditions.