Décidée à dédier toute une exposition à la révolution tunisienne sous le nom « Les chevaux en révolution », qui se tient depuis le 27 mai et jusqu'au 8 juin 2011 à la galerie Habib Blel, l'artiste-peintre Awatef Bejaoui Arfaoui imprègne ses toiles d'un goût saillant pour l'arabesque. Cette exposition compte 41 tableaux dont la quasi majorité ancrent les scènes peintes dans une époque où l'on célèbre, glorieusement, la témérité, le patriotisme, la bravoure et la gloire des cavaliers inséparables de leurs chevaux pendant les guerres. D'ailleurs, nombre d' objets, par leur nature même et par le répertoire décoratif utilisé, ont un lien étroit avec la vie bédouine et l' univers des cavaliers: les tenues traditionnelles, les épées, les fusils sur les épaules et en particulier, les chevaux, « symboles de noblesse, force et fidélité dans notre imaginaire arabe. Je me retrouve aisément dans cette atmosphère enracinée dans l'orientalisme et le patrimoine que j'ai cherché à transposer dans mes toiles », explique l' artiste. Peints dans un cadre, tantôt pacifique tantôt belliqueux, les mouvements des chevaux traduisent le choix des noms de certains tableaux en résonance avec les révolutions arabes tels que: Libération, Tounes, Gloire, Triomphe, Rencontre, Patrimoine… Ils sont révélateurs d'un goût oscillant entre l'inachevé et la composition lisible où les divers sujets peints sont agencés de façon à former un tout harmonieux baignant dans des couleurs chaudes, (le rouge, l'orange, le jaune), et d'autres dites terres, puisées dans le désert et l'oasis, (marron et beige), avec pour dominante, un fond blanc « dans l' intention de mettre en relief les personnes et les objets peints », précise le peintre. Crépusculaire, champêtre et désertique, ces différents paysages s'inscrivent dans la peinture à l'huile, le dessin exécuté au fusain, l'aquarelle et la technique du couteau pour faire ressortir au mieux, les croisements et les contrastes esthétiques des sujets peints. Pour dominante qu'elle soit, la présence des chevaux n'exclut pas celle des portraits d'hommes et de femmes dont les traits témoignent de l' usure du temps perceptible sur un visage austère qui porte les stigmates d' une fatigue, d'une endurance, ceux d' un combattant que l'artiste a nommé ‘‘Omar el Moktar'', héros révolutionnaire de la résistance libyenne contre l'occupation italienne. Son regard rivé sur l'horizon contraste avec celui d'un vieil homme peint dans une posture de recueillement, tout en tenant, entre les mains un livre et un chapelet. Loin de cet air recueilli et méditatif, le portrait d'une petite fille souriante en dépit de la misère dans laquelle elle moisit affiche une mine réconfortante voire une lueur d'espoir en l'avenir représenté, entre autres, par les portraits de femmes dont l'élégance réside dans les bijoux traditionnels tunisiens, (colliers, boucles d'oreilles...), et les tatouages sur le front et les joues.