Dans trois mois, six ans seront passés depuis qu'il a disparu. Sa mort, déjà, n'a suscité qu'indifférence et bientôt le manteau de l'oubli le recouvrit. Mokhtar BEN NACEF ne manquait pourtant pas d'états de service, qui, pour un autre que lui, auraient suffi pour lui donner sinon une place de choix dans l'Histoire de notre football, au moins celle ci ne l'aurait pas oublié. Il ne fut pas seulement le premier professionnel tunisien en France - le cas de Boujemâa s'étant perdu dans une légende non avérée. Pas seulement, non plus, l'entraîneur de la première équipe de Tunisie ayant disputé une finale de coupe d'Afrique des nations. Il fut avant tout le Tunisien le plus titré en France. Pourquoi ressortir aujourd'hui cet homme des limbes de l'oubli ? Pour simplement lui rendre ce dont d'Histoire l'a gratifié et qu'on vient de le lui voler. Nombreux étaient en effet les medias de Tunisie qui, saluant le nouveau champion Montpelier, s'enorgueillirent que Jamal SAIHI qui en faisait partie, est devenu le premier Tunisien à remporter le titre de France. Ainsi, après l'avoir occulté, on a fini par dépouiller Mokhtar BEN NACF de ses plus précieux acquis. Lui qui, soixante ans avant SAIHI fut sacré champion de France avant que trois ans après, toujours avec l'OGC Nice il remporta la Coupe de France. C'est ainsi qu'on fait l'Histoire. En la faisant débuter avec son propre âge. A moins que BEN NACEF n'a fait que suivre l'exemple de ces êtres, nombreux en Tunisie, dont le destin leur fait curieusement traverser la vie sur la pointe des pieds. Comme il m'est difficile d'oublier en particulier qu'après ses funérailles en Août 2006, auxquelles le « milieu » du football était peu représenté, un grand responsable qui présidait aux destinées du sport Roi en Tunisie, m'a demandé ingénument si Mokhtar BEN NACEF a joué au football dans sa vie. Mais heureusement pour l'Histoire. De l'autre côté de la méditerranée, quand les niçois racontent, encore aujourd'hui, les hauts faits de leur club, ils n'oublient pas d'évoquer le geste athlétique, entré dans la légende que BEN NACEF a accompli pour sauver son gardien de but, lobé par BEN BAREK et permettre à Nice de remporter la Coupe de France. Il reste aussi à ceux qui sont en âge de se rappeler, qu'en dépit des historiens autoproclamés, ils savent rétablir la vérité. Car il leur arrive, parfois, d'entrer dans un cimetière, de lire un nom sur une pierre et de pleurer l'homme que leur Histoire a oublié.