• Le syndicat dénonce le manque de sérieux du ministère et fait état d'agressions contre les grévistes • Certains syndicalistes «indépendants» estiment que la grève revêt un caractère politique • Le ministère juge la grève injustifiée et accuse le syndicat d'adopter la «stratégie du tout ou rien» Les instituteurs ont entamé, hier, une grève de deux jours dans toutes les écoles du pays en signe de protestation contre les résultats «décevants» des négociations lancées avec le ministère de l'Education sur les revendications de la corporation. Les enseignants répondent ainsi à un mot d'ordre de grève lancé par le syndicat général de l'enseignement de base rattaché à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). Ce syndicat qui compte plus de 50.000 affiliés a annoncé, hier, un taux de participation à la grève de 85%. «Malgré l'intimidation par certains de leurs collègues proches du pouvoir, le taux de suivi de débrayage a atteint 85%. Dans certaines régions comme Sousse et Mahdia, nous avons enregistré des taux proches de 100%», a affirmé Taher Dhaker, secrétaire général du syndicat. Et d'ajouter: « à travers ce débrayage, nous ne cherchons qu'à protester contre les atermoiements et le manque de sérieux du ministère de tutelle, lequel a promis lundi le doublement de prime de la rentrée scolaire avant de faire machine arrière juste une heure et demie plus tard ». Au cours d'un rassemblement organisé hier à la place Mohamed Ali M. Dhaker a également fait état d'agressions perpétrées hier contre certains grévistes. «Certaines personnes qui prétendent être indépendantes ont agressé des instituteurs grévistes et certains responsables syndicaux, dont Abdelkarim Khalki, secrétaire général de l'Union régionale du travail de Bizerte », a-t-il indiqué. De son côté Hefaïedh Hefaïedh, secrétaire général adjoint de l'UGTT chargé de la fonction publique, a affirmé que l'organisation syndicale continuera à défendre les salariés, en dépit des intimidations et des campagnes de dénigreme Caractère politique ? Certains syndicalistes qui se présentent comme étant «indépendants » ont, cependant, fait circuler, ces derniers jours, un communiqué dans lequel ils estiment que la grève revêt un caractère politique dans la mesure où le ministère a satisfait 95% des revendications des instituteurs. Le même communiqué rappelle que les syndicats applaudissaient la satisfaction de 10% de leurs revendications sous le règne de Ben Ali. Cette même position a été exprimée par le ministère de l'Education. « La grève est d'autant plus injustifiée qu'un accord a été trouvé en ce qui concerne toutes les revendications des instituteurs à l'exception de la prime de la rentrée scolaire», a souligné le ministre de l'Education, Abdellatif Abid, indiquant que «le syndicat adopte la politique du tout ou rien» Le ministère rappelle que le doublement de la prime de la rentrée scolaire est inconcevable puisqu'un accord qui prévoit la généralisation d'une prime spécifique à tous les agents de l'Etat a été conclu tout récemment entre l'UGTT et le gouvernement. A noter que les revendications des instituteurs portent, outre le doublement de l'indemnité de la rentrée scolaire, sur l'intégration des enseignants suppléants, le reclassement professionnel des enseignants titulaires d'une maîtrise, la création d'une prime spécifique et la révision à la hausse des primes perçues par les directeurs des écoles de base.