Fraîchement arrivé en Ukraine, Laurent Blanc a tenu sa première conférence de presse hier. Toujours à la recherche d'un équilibre entre attaque et défense, le sélectionneur se méfie d'une Angleterre meurtrie (match lundi à 19h). • Laurent, pouvez-vous nous donner des nouvelles des blessés ? - Laurent Blanc : Alou Diarra a une petite douleur derrière le genou. Ce n'est pas grand-chose. Il a pu effectuer le décrassage avec nous. Il y a plus de peur que de mal. On a trois milieux défensifs mais il ne nous reste plus que lui alors on va essayer de le préserver. Pour les autres blessés (Ndlr : Yann M'Vila, Blaise Matuidi), cela évolue très bien. Chaque jour, il y a une évolution favorable. Ils ne sont pas aptes aujourd'hui à disputer un match ni un entraînement collectif mais on espère gagner du temps.
• Etes-vous d'accord pour dire que des joueurs comme Jérémy Ménez, Hatem Ben Arfa, Mathieu Valbuena peuvent apporter plus à l'équipe de France ?
- Dans le football, la confiance, ça prend du temps, surtout dans le domaine offensif. Il suffit parfois d'un but, d'une action. On m'a souvent reproché ces trois dernières années d'avoir fait jouer Franck Ribéry. On me demandait s'il n'y avait pas d'autres joueurs qui méritaient à sa place. Aujourd'hui, il est sur la bonne voie, il confirme ce qu'il fait au Bayern. On lui a donné confiance pour qu'il soit à ce niveau-là. Pour donner de la confiance, il faut savoir insister. Et quand vous avez deux joueurs comme Ribéry et Benzema en attaque, il ne reste plus beaucoup de place. Je pense que les joueurs que vous avez cités ont conscience qu'ils doivent donner le meilleur d'eux-mêmes pendant 25, 15, 5 minutes. Parce que les choses peuvent aussi changer. A ce niveau-là, oui, ils peuvent espérer.
• Comment évaluez-vous les performances de Samir Nasri ?
- Il est en progrès. Il peut faire beaucoup mieux parce qu'il a le talent et les qualités pour. Maintenant, j'entends dans certaines analyses : oui mais, dans votre 4-3-3, Nasri ne percute pas sur le côté droit de la même façon que Ribéry. D'abord, il n'a pas les mêmes qualités. Et ensuite, sans tout dévoiler, peut-être qu'on lui demande aussi de jouer plus dans l'axe. Vous allez me dire que d'autres joueurs ont plus de vivacité pour jouer à droite : ne vous inquiétez pas, on sait ça.
«On a du mal à assimiler que le football français ne fait plus partie du gotha du football européen»
• Depuis 2002, la France n'a gagné que trois de ses 15 matches disputés au premier tour en phase finale d'une compétition internationale. Comment l'expliquez-vous ?
- C'est une constatation. Quelque part, cela confirme notre classement FIFA. On cherche toujours des excuses. En vérité, on a du mal à assimiler que le football français ne fait plus partie du gotha du football européen. Depuis 2006, on n'a pas gagné un match en phase finale. Si on en gagne un, ça en fera quatre en dix ans (sourire).
• Faut-il craindre l'Angleterre ?
- De la crainte, oui, mais comme pour toutes les autres équipes. Il faut les craindre mais ne pas en avoir peur. Les Anglais seront là, quelle que soit l'équipe. Je pense que l'Angleterre va jouer d'une certaine manière. On a vu ses matches. On sait comment elle va jouer. Je peux vous dire qu'elle va tout donner. D'abord parce qu'elle a envie de faire un bon Euro, et quand il y a des Français en face, cela pimente toujours le débat. Il faudra être costaud, bien défendre. Ce n'est jamais facile contre l'Angleterre.
• Que pensez-vous de la non-sélection de Rio Ferdinand, que vous avez côtoyé à Manchester United ?
- Chaque équipe a son lot de problèmes. Les Anglais ont des problèmes de blessures, on ne peut rien contre ça. Je connais bien Rio. Je crois que le choix de ne pas le prendre dépasse le côté sportif. Il y a autre chose à côté. Maintenant, je ne vais pas m'immiscer dans les affaires de l'Angleterre, ce n'est pas mon rôle. Disons qu'avec les blessures dans le secteur défensif, ne pas le voir sélectionné est surprenant. Mais si le sélectionneur a fait ce choix, c'est qu'il estime que c'est le bon choix.