• Le courant «Madkhali» fait son entrée en Tunisie
L'instrumentalisation des lieux de culte à des fins partisanes continue à faire des siennes. Et tout donne à croire qu'on ne finira pas sous peu avec cette politique politicienne de mêler le politique au religieux et de ce fait de prendre pour dupe le Tunisien. On y est en plein dedans. Le but étant de traiter d'hérétique l'opposition et de lui ôter toute chance d'être une force politique. « Tous ceux qui s'opposent au gouvernement légitime doivent savoir que de ce fait ils s'opposent à l'Islam et aux musulmans » martèle cheikh Béchir Belhassen qui explique à une assistance de toute ouïe que « le projet de l'Islam est en contradiction avec l'idéologie, les manières de penser et la culture de ces opposants. Ces derniers sont considérés comme étant hérétiques voire puisque toujours selon le cheikh « leurs actes contreviennent à la volonté de Dieu et au projet de l'Islam. » dit-il en ajoutant « Il ne suffit pas de prononcer la Chahada, la profession de la foi, pour se considérer musulman. » pour insinuer que les opposants au gouvernement seraient des mécréants. La vidéo où figure la déclaration du cheikh et ayant circulé depuis deux jours sur le réseau social Facebook a provoqué l'indignation des internautes. Sauf que le fait de se réfugier dans la parole tapageuse et rageuse ne peut que relever du phénomène vocal. Alors qu'instrumentaliser la religion à des fins politiques et traiter l'opposition de mécréante relève d'un phénomène dangereux qui se répand dans une société largement sécularisée et pratiquant majoritairement un Islam sunnite modéré.
Le courant « madkhali » fait son entrée en Tunisie
Cette situation ubuesque ne fait que s'empirer puisque bon nombre de mosquées sont en train d'instrumentaliser les lieux de culte à des fins partisanes pour diminuer les chances de l'opposition sur l'échiquier politique. La complaisance des uns et des autres à l'égard du gouvernement se fait parfois sentir d'une manière implicite et elle est dans bon nombre de cas explicite comme c'est le cas de cheikh Belhassan. Celui-ci était le premier à avoir défendu Rached Ghannouchi qui pendant la cérémonie d'ouverture de l'école de la Mosquée Zeitouna a été vénéré au point d'être associé à un chef suprême de la communauté musulmane : un calife « Radhia Allahou Anhou ».
Une allégeance qui nous rappelle à plus d'un égard un courant ayant vu le jour ces derniers temps sous des cieux qui cautionnent le wahabisme et un Islam rigoriste. Le courant ‘'madkhali ‘'en référence à Rabii Madkhali, est un savant de Médine qui considère mécréants tous ceux qui s'opposent à la volonté du gouverneur. Le courant commence à avoir des adeptes dans nos murs et les propos du cheikh n'en sont que les signes avant-coureurs. Cheikh Belhassan et les partisans de sa politique seraient de ceux qui s'installent dans le confort de leurs certitudes et de leurs idées rétrogrades croyant à tort que le statut de cheikh le mettra à l'abri de toutes critiques, puisque c'est la tradition. On ne doit pas les lâcher d'une semelle, et ça deviendra une tradition.