• Le 2 juillet, manifestation nationale devant la Constituante
La bataille des jeunes chômeurs diplômés du supérieur pour l'emploi n'a pas l'air de se terminer ni même de ralentir. En effet, l'Union des Diplômés Chômeurs (UDC) organisera le 2 juillet, un mouvement de contestation devant la Constituante en guise de réaction par rapport à l'adoption de la loi exceptionnelle relative au recrutement dans la fonction publique pour l'an 2012, c'est ce qui a été annoncé hier par les membres de coordination nationale de UDC lors d'une conférence de presse tenue au Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux. Un mot d'ordre a été donné aux jeunes chômeurs pour venir nombreux de toutes les régions afin de faire passer leur message aux élus à la Constituante « lesquels n'ont pas manifesté un grand intérêt à nos problèmes ni même pris la peine pour débattre de cette loi de manière approfondie », annonce Salem Ayari, coordinateur général de l'UDC. Allant plus loin, les diplômés chômeurs ont décidé également de boycotter la conférence nationale sur l'emploi organisée à partir d'aujourd'hui par le ministère de la Formation Professionnelle et de l'Emploi. « Parce que nous refusons d'être un simple décor utilisé par le ministère pour garnir la rencontre », ajoutent les représentants de l'UDC.
Adoptée il y a plus d'une semaine, la loi exceptionnelle régissant les modalités de recrutement dans la fonction publique pour l'an 2012 suscite toujours des réactions surtout auprès des diplômés du supérieur qui n'arrivent pas à décrocher un poste d'emploi fixe depuis déjà des années. Mécontents, déçus, les chômeurs considèrent que « ladite loi ne fait qu'enraciner la démarche de politisation de l'administration tunisienne tout en laissant le champ libre au favorisme et la non transparence dans le recrutement », s'insurgent les diplômés chômeurs dans un communiqué rendu public, où ils appellent tous leurs confrères à se rassembler le 2 juillet devant l'Assemblée Nationale Constituante.
Justifications
Mais pourquoi les chômeurs réagissent-ils ainsi ? Comment justifient-ils cette attitude ? Pour répondre à ces questions, Salem Ayari et Belgacem Ben Abdallah, considèrent que la loi adoptée ne sert en rien les diplômés à la recherche de travail depuis des années. « Au contraire, elle les exclut, sans pour autant oublier ceux qui ont dépassé les 45 ans et les militants politiques écartés par l'ancien régime », critiquent sévèrement les activistes. En revanche, « la loi accorde des faveurs aux martyrs et aux blessés de la Révolution ainsi que les ex prisonniers bénéficiaires de l'amnistie générale », toujours d'après eux. Ils sont d'ailleurs prioritaires. « Il s'agit en fait d'une loi basée sur le quota. Elle est promulguée en faveur des militants de la Troïka et plus particulièrement ceux du Mouvement Ennahdha », ajoute Salem tout en considérant que « ce qui se passe aujourd'hui n'est autre qu'un partage des postes au pouvoir et des postes de travail ». A cet égard, l'activiste rappelle « les recrutements effectués dans plusieurs domaines (l'agriculture, le transport...), où l'on n'a pas respecté les normes », toujours d'après lui.
Dans le même contexte, le coordinateur critique le principe adopté par la loi où, l'on envisage de recruter les fonctionnaires sur la base de la compétence et suite à un concours. Il déplore aussi la répartition annoncée dans cette loi. « 70 % des recrutements seront effectués sur la base de l'âge et la date de l'obtention du diplôme en plus d'un concours. Quant aux 30 % restants ils seront recrutés suite à un concours général », explique le coordinateur de l'UDC. « Cette solution ne fait que faire perdurer le problème du chômage chez ceux qui ne trouvent pas un travail depuis des années, alors qu'il est possible de résoudre ce problème au bout de deux ans », enchaîne Salem.
En adoptant cette politique, le ministre de la Formation Professionnelle et de l'Emploi n'arrivera pas à satisfaire toutes les demandes. Il est appelé ainsi à démissionner comme il l'a bien annoncé lors d'une émission télévisée en défiant les Tunisiens à faire embaucher 100 mille jeunes. « Aucune promesse n'a été tenue, il doit dès lors quitter son poste », appellent les jeunes.
Certes, il est difficile de résoudre le problème du chômage en Tunisie avec le nombre croissant des diplômés chaque année contre la régression des offres. Toutefois, il importe d'écouter les jeunes, surtout ceux qui sont capables de donner des propositions constructives tout en veillant à les concrétiser.