Il y a une impression que du côté Ennahdha, on essaye par tous les moyens à escamoter l'ampleur des différends qui minent les rapports au sein de la Troïka au pouvoir. Pour le Parti islamiste, il n'y a pas réellement de crise, simplement un orage d'été qui finira vite par se dissiper. Ou bien qu'il est normal de connaître des différends au sein d'un pouvoir de coalition. Rached Ghannouchi, président du parti, Sahbi Attig, membre du Bureau politique, ou Mohamed Ben Salem, ministre de l'Agriculture, tous reçus par le Président de la République, Moncef Marzouki, sont affirmatifs : « Il n'y a pas de crise constitutionnelle au sein de la coalition », « les différends sont en voie de règlement » et « la Troïka est une vraie alliance qui ne s'ébranlera pas ». On l'espère pour elle et pour le pays. Mais, ces déclarations ne sont pas pour rassurer outre mesure les Tunisiens. Le spectacle qui se déroule sous leurs yeux, sur la scène politique s'apparente à une comédie où se mêle le tragique au comique et où les protagonistes brillent par un amateurisme flagrant. Les évènements qui ont émaillé toute la semaine depuis l'extradition de Baghdadi Mahmoudi, au limogeage du gouverneur de la Banque Centrale, infirmée par des sources gouvernementales, en passant par la décision d'autoriser les Maghrébins à entrer librement en Tunisie, elle aussi, infirmée par des sources gouvernementales, dépassent de loin le cadre de différends conjoncturels et dénotent d'un vrai malaise qui ronge la Troïka et d'une âpre partie de bras de fer entre deux présidents en quête de pouvoirs étendus. Les Tunisiens espèrent que la Troïka finira par trouver des solutions à tous ces problèmes. Ce qu'ils redoutent le plus c'est que toute cette polémique ne soit qu'une mise en scène pour détourner leur attention des vrais problèmes du pays.