La liberté d'expression sur Internet est un sujet qui a suscité une grande polémique à travers le monde. De par leur contribution aux chamboulements historiques qui ont ébranlé l'ordre des choses dans les pays arabes, les réseaux sociaux se sont transformés en fer de lance contre les dictatures.
Dénonçant la face hideuse des régimes politiques et ouvrant la boîte de Pandore à tout va, Internet est devenu l'ennemi à évincer par les détenteurs du pouvoir. La censure ne se fit pas attendre et les arrestations de blogueurs ne tardèrent pas.
La situation est telle que les débats sur la liberté d'expression sur Internet pullulent et préoccupent internautes, politiciens, juristes et ONG.
Liberté d'expression sur Internet, l'ONU tranche
Si l'on se base sur l'article 19, paragraphe 3 du Pacte des droits civiques et politiques, toute restriction ou entrave à la liberté d'expression est considérée comme une transgression à un droit humain fondamental.
C'est dans ce sens que le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a adopté, le jeudi 5 juillet 2012, un texte qui a été présenté par 83 Etats, à l'instar de la Tunisie, les Etats-Unis, la Suède, le Brésil, le Nigéria ou encore la Turquie.
C'est sous la forme d'un consensus, auquel, rappelons-le, la Russie et l'Inde ont été opposés, que le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a voté cette nouvelle décision pour que les droits de l'Homme dans le monde virtuel soient préservés.
Le texte présenté à l'ONU, stipule que tous les Etats devraient faciliter l'accès à Internet et à l'information. Les pays signataires dudit texte ainsi que le Conseil des droits de l'Homme à l'ONU appellent les gouvernements à exhorter au respect de la liberté d'expression sur le Net et au respect de ce droit comme droit humain fondamental et inviolable.
Parmi les pays qui ont signé la motion présentée au Conseil des droits de l'Homme sur le droit à la liberté d'expression sur Internet, la Tunisie, pionnière de ce que les Occidentaux se plaisent à appeler «Le Printemps arabe».
Représentant permanent de la Tunisie auprès de l'ONU, M. Moncef Baati a rappelé, dans ce sens que c'est par le biais des réseaux sociaux que le peuple tunisien a pu s'émanciper et sortir du joug de la tyrannie despotique. Cette liberté nouvellement et durement acquise devra être protégée par un texte de loi, un texte adopté à l'échelle internationale pour garantir la liberté d'expression en ligne et le droit à l'accès à l'information, piliers et garants des droits de l'Homme.
La Tunisie, en se joignant aux pays présentant la motion, aura contribué au tout premier texte adopté par l'ONU en matière de liberté d'expression sur le Net. Poursuivant dans ce sens que, Eileen Chamberlain Donahoe, l'ambassadrice américaine a rajouté que : « c'est la première résolution de l'ONU qui confirme que les droits de l'Homme et le domaine de l'Internet doivent être protégés avec le même engagement que dans le monde réel».
Néanmoins, les arrestations de certains noms connus dans la blogosphère tunisienne ont alarmé blogueurs et société civile. Rappelons l'arrestation du cyber-activiste Aziz Amemi à l'aéroport du Caire, le 2 mai dernier, par les agents de la sûreté égyptienne. Motif : avoir participé à une manifestation devant l'ambassade égyptienne à Tunis ! Quelques mois auparavant, c'est-à-dire, le 1er février 2012, Zakarya Bouguira fut arrêté par la police tunisienne à la Place de la Kasbah alors qu'il était en train de soutenir Samir Feriani. Il n'était pas à sa première arrestation. Le 13 novembre 2011, il fut brutalisé et tabassé par des policiers à l'aéroport de Carthage pour avoir osé filmer la violence policière contre les supporters du Maroc qui avaient attaqué le matériel informatique.
La Tunisie a toujours possédé des textes de loi respectueux des libertés individuelles et garants des droits humains. Il n'en demeure pas moins que les transgressions étaient récurrentes et les violations aux droits humains les plus fondamentaux étaient hallucinants.
Que la Tunisie fasse partie des Etats qui ont présenté à l'ONU, la motion du droit à la liberté d'expression sur le net, est un bon signe. Il n'en demeure pas moins qu'elle devrait montrer l'exemple dans ce domaine et appliquer réellement l'éthique des propositions qu'elles a inclues dans ladite motion.