Quelle que soit la composition de la nouvelle assemblée nationale provisoire, la Libye peut se vanter d'avoir effectué les premiers pas sur la trajectoire d'une véritable transition démocratique. Le peuple libyen, qui s'initie au jeu de la politique et découvre pour la première fois, les joutes électorales, leur attraction festive et leur aspect violent aussi, aura au moins deux mérites. D'avoir permis d'abord l'organisation de ces dernières législatives que d'aucuns ne donnaient pas sûres dans un contexte de violence et de faiblesse de l'autorité centrale et de la mainmise des milices armées sur des régions entières où prédominent l'esprit tribal et l'allégeance à la tribu. Et d'avoir ensuite choisi sa propre voie à la surprise des observateurs qui s'attendaient à ce que les Libyens suivent l'exemple de leurs voisins en Tunisie et en Egypte et portent à l'Assemblé nationale les candidats de la mouvance islamique très active durant et après la Révolution et soutenue par de puissantes parties arabes. C'est plutôt les libéraux qui sont en avance, même dans les fiefs des islamistes, dans l'Est du pays. Ce n'est pas encore définitif. L'avantage des libéraux ne concerne que le scrutin par listes et leur avance pourrait ne pas se traduire par une claire majorité à l'Assemblée. Ce qui est significatif c'est que les Libyens optent pour une voie médiane coupant la route à toute hégémonie d'une quelconque partie sur la vie politique nationale. Car comme ils privilégient les thèses de ceux qui prônent un Islam modéré, une libéralisation économique et une ouverture sur l'Occident, ils refusent de leur abandonner toutes les cartes dans leurs mains. L'équilibre des forces est toujours dans l'intérêt des peuples. Et puis les libéraux ont eux aussi leur alliés à l'étranger, les puissances occidentales notamment qui ne s'intéressent qu'aux richesses dont recèle le pays.