Sans surprise, Cheikh Rached Ghannouchi a été réélu à la tête d'Ennahdha. Un non-événement donc, puisque le résultat est presque connu d'avance dès lorsque l'apparition d'une tendance majoritaire au sein du mouvement, considère que le parti a encore besoin de lui et revendiquant sa reconduction en cette conjoncture délicate. Ennahdha, qui se considère, aujourd'hui, comme la principale force politique du pays, manque-t-elle de cadres et de figures emblématiques capables d'assurer la relève, ou craint-elle un échec face aux futurs défis et futures échéances électorales en l'absence de son chef historique qui l'a dirigée durant les années de braise ? Il y a un peu de tout cela. Rached Ghannouchi, représente pour le mouvement l'assurance de la continuité et l'incarnation de l'esprit de consensus et de conciliation entre les modérés et les tenants d'une ligne radicale. Les congressistes ont compris que l'heure n'est pas aux grands changements, ni à la radicalisation du parti ; d'où la réélection de Rached Ghannouchi loin devant des adversaires appartenant à la ligne dure, comme Sadok Chourou ou Habib Ellouze. Ils ont compris également qu'il est temps d'adresser un message de modération au peuple tunisien en confortant dans leur motion les choix centristes et modérés, en préconisant l'édification d'un Etat civil et la consécration d'une culture démocratique qui favorise l'alternance pacifique au pouvoir. Ennahdha peut-elle concrétiser tous ces idéaux qui vont avec l'esprit de la Révolution ? Les quelques mois de gouvernance ont laissé des doutes dans l'esprit des Tunisiens. Le décalage entre les paroles et les actes est évident. Les jours qui viennent nous éclaireront encore plus sur les intentions d'Ennahdha et de son président.