La première réunion des négociations sociales effectives dans le secteur privé aura lieu aujourd'hui au siège du ministère des Affaires Sociales. Au cours de cette réunion de la Commission Centrale, seront présents six membres de chacune des deux Centrales syndicales et patronales, l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) et l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA) et des représentants du ministère des Affaires Sociales. Ces négociations toucheront plus d'un million de salariés dans le secteur privé. Au cours de ces réunions qui se dérouleront à raison de deux réunions par semaine, seront débattues les revendications d'augmentations de salaires des salariés, tout en prenant en considération la conjoncture économique et sociale que traverse le pays.
La réunion d'aujourd'hui a été possible grâce à la signature en début de semaine d'une convention-cadre organisant ces négociations dans les secteurs soumis à des conventions sectorielles. La cérémonie de signature s'est passée au siège ministère des Affaires sociales en présence du ministre Khélil Zaouia, du Secrétaire général de l'UGTT Hassine Abbassi et de la présidente du l'UTICA Widad Bouchemmaoui.
Dans la convention cadre il a été décidé d'entamer le lendemain les négociations sur les salaires et les primes, au rythme de deux réunions par semaines. Les négociations devront s'achever au plus tard le 15 août 2012. Les augmentations de salaires et des indemnités seront effectives selon les mêmes dates que lors des augmentations de 2011.
Dans le cas extrême où les membres de la Commission Centrale n'arrivent pas à s'entendre sur une question donnée, celle-ci sera soumise à la Haute Commission des négociations sociales, dans laquelle siègent le ministre des Affaires sociales, la présidente de l'UTICA et le Secrétaire général de l'UGTT. Les décisions de cette haute commission seront sans appel et engageront toutes les parties.
Beaucoup d'observateurs s'attendent à des augmentations de salaires qui seront proches de celles accordées dans la fonction publique avec la généralisation de la prime spécifique de 70 dinars sur deux étapes. Les salariés du privé bénéficieront-ils d'une augmentation approchant les 35 dinars en 2012 ? La suite des négociations le dira.
Déjà des voix discordantes se lèvent. L'Union des Travailleurs de Tunisie (UTT), dirigée par Ismaïl Sahbani, exprime son refus de cet accord. Dans un communiqué publié à cette occasion l'UTT dénonce l'atteinte au pluralisme syndical. Le communiqué rappelle que l'UTT représente des dizaines de milliers d'adhérents présents surtout dans le secteur privé. Il est reproché au Gouvernement et surtout au ministre des Affaires sociales l'exclusion et la marginalisation.
L'UTT rejette tout accord dont elle a été exclue. Est-ce que ses adhérents vont faire de même et refuser les augmentations de salaires que ramèneront les négociations entre l'UTICA et l'UGTT ? Certainement pas. Il faut dire que l'UTICA ne veut négocier qu'avec l'UGTT et vice-versa. De son côté l'UGTT respecte les mêmes procédés et ne négocie qu'avec l'UTICA. Une autre centrale patronale avait été créée en septembre 2011, par l'homme d'affaires Tarak Chérif, sous la dénomination Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (Conect). Elle ne participe pas aux négociations sociales. L'UGTT refuse de négocier avec cette confédération. Dans les affaires de prud'homales, les chefs d'entreprises affiliés à la Conect, préfèrent être défendus par un représentant de cette centrale.
Au niveau du ministère des Affaires sociales, il n'y a pas de position de principe contre le pluralisme syndical. Si au niveau des entreprises, le dialogue est établi avec le syndicat le plus représentatif, au niveau central les négociations se font avec l'UGTT. L'Union des Travailleurs de Tunisie doit tenir son congrès en septembre prochain. Après la tenue de ce congrès, elle sera considérée comme un partenaire à part entière au niveau central.
Quant à la Confédération Générale Tunisienne du Travail (CGTT), sa crise interne est portée devant les instances judiciaires.
L'idée d'un observatoire de la représentativité syndicale fait son chemin au sein du ministère des Affaires sociales.