Voilà que depuis quelques années, chaque mois de Ramadan apporte son lot de sitcoms sur les chaines tunisiennes. Ce genre est d'autant plus apprécié par les téléspectateurs que toutes les chaines de télévision (nationales ou privées) adoptent cette façon intelligente d'offrir aux gens d'agréables moments de rire et d'humour après la rupture du jeûne. Cette année, « Nesma TV » nous propose « Dar Louzir » de Slaheddine Essid, entouré d'une pléiade d'acteurs tunisiens et algériens dont la plupart récidivent dans ce genre de comédie, étant devenus des figures très familières pour les téléspectateurs tunisiens, friands d'émissions nationales au cours de ce mois sacré. C'est que ces sitcoms, basées sur le burlesque, l'humour et le suspense, sont censées fournir des espaces d'évasion et des moments de bonheur aux familles réunies devant le petit écran pour une veillée ramadanesque. A moins qu'elles nous proposent un humour factice et un rire indigeste ! Une semaine après le commencement de la diffusion des premiers épisodes, il est peut-être encore tôt de formuler des jugements définitifs (favorables ou défavorables) sur cette sitcom, et il faut attendre encore les péripéties de l'histoire ! Cependant, disons pour le moment que dans le jeu des comédiens comme dans la mise en scène, « Dar Louzir », qui prend sa source dans les derniers bouleversements sociopolitiques du pays, est d'une actualité brûlante, dans la mesure où on retrace le quotidien d'un ministre déchu qui a perdu tous ses privilèges d'avant la Révolution et, obligé de regagner le foyer ancestral, doit affronter des problèmes auxquels il n'était pas habitué. Il est vrai que, de par la participation de comédiens de grand calibre (comme Mouna Noureddine, Kamel Touati, Raouf Ben Amor...), la série a su instaurer son climat humoristique et attachant auprès des téléspectateurs. Mais cela ne diffère pas beaucoup des sitcoms antérieures, sachant que l'objectif est le rire à tout prix. Quant à l'équipe qui a pris part à cette production (réalisateur, producteur, scénaristes, comédiens...), nous l'avons vue de près, lors du tournage, en train de travailler d'arrache-pied pour boucler à temps les derniers épisodes. (voir « Le Temps » du 02/06/2012). Un metteur en scène invétéré et ferme dirigeait son équipe d'une main de fer. Des acteurs (tunisiens et algériens), conscients des enjeux, donnaient le meilleur d'eux-mêmes, qui pour se confirmer dans la carrière, qui pour se faire une petite renommée auprès du public. Toutefois, l'innovation est la grande absente dans cette production, on ne doute pas une seconde que les mêmes visages et les mêmes gestes comiques nous rappellent nos vieilles sitcoms déjà vues et revues sur nos chaines, étant donné que certains acteurs s'entêtent à garder leurs anachronismes et leur vieux jeu, sans pour autant sombrer dans la médiocrité, loin s'en faut ! Dans quelques jours, le téléspectateur se fera sa propre opinion. Il saura alors si cette production a réussi le pari de rivaliser d'intelligence et de créativité et surtout de se démarquer de celles qui l'ont précédée ! En revanche, certains spectateurs ont déjà commencé à se lasser à force de goûter aux mêmes plats que ceux des années précédentes !