Signe évident de la tendance à l'apaisement des tensions sociales, à Sfax, l'UGTT régionale a décidé la suspension des mouvements de grève décidés lors de la commission administrative de samedi dernier,au lundi 06 août courant, et l'annulation de la grève de la poste, de l'équipement et de l'information, décidées pour hier. Cette décision est intervenue à la suite de la réunion, jeudi 02 août courant, au ministère des Affaires Sociales, laquelle s'est déroulée dans un climat « d'entente et de cordialité », selon plusieurs sources syndicales, ce qui ouvre toutes grandes les portes de l'espoir quant à une fin proche des tensions sociales et aux conflits qui enveniment les relations entre l'UGTT et le gouvernement.
Cependant, même si la tendance est à l'apaisement et même si elle affiche son optimisme quant à un dénouement heureux de la crise, la partie syndicale fait preuve de prudence en parlant de la libération des syndicalistes détenus sur fond des affrontement avec les forces de l'ordre, survenus le mercredi 18 juillet dernier. D'une part, elle considère que l'apaisement véritable est tributaire de la libération des détenus, mais d'autre part tout le monde est conscient du fait que pareille décision est du ressort exclusif de la justice. C'est la raison pour laquelle une nouvelle demande de remise en liberté, a été présentée hier par les avocats de la défense.
Ce qu'il est à craindre cependant, c'est la réaction, pour ne pas dire le tollé que l'hypothétique décision de remise en liberté pourrait soulever quand bien elle aurait été prise par la justice en toute liberté et sans la moindre pression. Mais, d'un autre côté, au cas où la justice serait convaincue du bienfondé de ladite demande, l'on ne voit pas pourquoi elle s'abstiendrait de le faire, d'autant plus d'ailleurs que les juristes pointent du doigt les différentes violations de la loi qui ont entaché l'exécution du jugement en référé.
Affaire des syndicalistes du CHU Hédi Chaker de Sfax Saisie de la justice tunisienne et des instances internationales
La Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme, section Sfax Nord vient d'annoncer l'entame d'une procédure légale. La ligue entend en effet engager une action pénale contre les tortionnaires présumés des syndicalistes du CHU Hédi Chaker. Elle vient d'annoncer la constitution d'un collectif d'avocats qui aura deux missions : premièrement, saisir la justice pour demander l'ouverture d'une enquête judiciaire sur le déroulement des faits survenus au CHU Hédi Chaker et plus particulièrement sur les agressions perpétrées « à l'encontre des syndicalistes, par les agents de l'ordre ainsi que par des milices du Mouvement Ennahdha ».
Faisceau d'irrégularités Zoubeir Louhichi, vice-président de la ligue, est catégorique là-dessus : « La participation aux voies de fait par les forces de sécurité aidées desdites milices sous la supervision d'un membre du Conseil de la Choura d'Ennahdha, est un fait établi qui ne pourrait souffrir aucune contestation. Nous avons constaté et relevé un faisceau d'irrégularités, de dépassements et violations, lors de l'exécution du jugement en référé portant sur la réinstallation du directeur régional du CHU. Parmi ces violations aux lois en vigueur, il y a lieu de citer la torture subie par les prévenus au cours de leur interrogatoire, torture dont j'ai moi-même relevé les traces sur le corps d'un détenu, sachant, par exemple, que les détenus ont eu les poignets fixés par les menottes durant plus de 48 heures. Il ya lieu de citer également la présence du Procureur de la République contre l'absence d'un huissier-notaire lors de ladite exécution. Le troisième type de transgression de la loi concerne l'absence de signature en bas de procès verbaux » Action pénale La deuxième mission du collectif d'avocats accrédités par la ligue consiste à engager une action pénale contre les tortionnaires présumés des syndicalistes du CHU Hédi Chaker. La Ligue pointe à ce propos un doigt accusateur aux agents de la brigade de police judiciaire Sfax sud, et à toutes les parties soupçonnées à ses yeux, de complicité ou du délit de non-dénonciation de ces actions de torture. D'après Maître Zoubeir Louhichi, vice-président de la ligue et l'un des avocats de la défense, au cas où la ligue serait déboutée de sa demande par la justice tunisienne , les prévenus seraient poursuivis devant la Cour Pénale Internationale devant laquelle l' affaire serait portée.