Le procès des syndicalistes arrêtés à Sfax s'est ouvert aujourd'hui, lundi 30 juillet au Tribunal de Première Instance Sfax II, dans un climat tendu marqué par une présence renforcée des forces de sécurité et l'affluence massive de syndicalistes et de militants de la société civile, venus de différentes régions. Vingt et un syndicalistes ont comparu en effet devant le tribunal dont 4 en état d'arrestation et 16 autres en état de liberté. Les prévenus, arrêtés lors des accrochages avec les forces de l'ordre, le 18 juillet courant dans l'enceinte du CHU Hédi Chaker devaient répondre des chefs d'inculpation d'agression et / ou d'outrage à fonctionnaire lors de l'exercice de ses fonctions. Le jour des faits, en effet, des renforts de sécurité ont dû être mobilisés pour réinstaller le directeur général jamel Hakim et son staff administratif dans leurs bureaux dont ils avaient été délogés par le syndicat des agents de la santé relevant de l'UGTT, le 16 février 2012.
A son ouverture, l'audience a été marquée par une présence inédite de syndicalistes et de parents qui ont scandaient des slogans appelant à la libération des détenus et accusant différentes parties appartenant soit au gouvernement soit à des partis politiques d'être derrière ces procès intentés contre les syndicalistes.
Les avocats de la défense ainsi que les prévenus, entendus par le tribunal ont stigmatisé les actes torture dont ces derniers avaient été victimes, actes commis par la police, lors de leur détention, et dénoncé la participation active de milices appartenant au Mouvement Ennahdha à l'opération de répression des sit-ineurs.
A signaler également qu'outre les deux avocats auxquels l'UGTT a fait appel, d'autres avocats du barreau de Sfax tels que Me Mekki jaziri et Me Ali Ben Aoun, et de Tunis tels que Me Chokri Belaïd, Me Abdennaceur Aouini et Me Ridha Belhaj ainsi qu'une quarantaine d'autres, sont venus à titre bénévole plaider devant le tribunal.
A propos de tortures, Me Ali Ben Aoun et Mekki jaziri ont vigoureusement dénoncé «ces pratiques d'un autre temps, qui ont la peau dure et qui sont contraires à toutes les législations nationales et internationales.
Pour ce qui est des accusations portées à l'encontre des prévenus, les plaidoyers ont mis en avant le caractère politique des procès intentés à l'encontre des syndicalistes. D'après les avocats contactés, l'exécution du jugement en référé pour permettre au directeur général de l'hôpital de regagner son bureau est entachée d'un vice de procédure et que le procès est fabriqué de toutes pièces.
A rappeler que la version officielle insiste par contre sur le caractère légal de l'opération qui « s'est déroulée dans le strict respect des règlements et des procédures en vigueur » et qu'elle ne revêt aucun caractère politique.
Le tribunal a décidé le renvoi de l'affaire ,pour incompétence, au procureur général et a ordonné de garder les inculpés en étatd'arrestation.