Le public n'était pas au rendez-vous à la soirée de Noureddine Béji et Soumaya Hadhroubi. Le manque de publicité pour cet événement explique l'absence du public. Les gradins du théâtre de Nabeul sont restés vides. « Cela fait mal au cœur », nous diront plusieurs personnes que nous avons rencontrées à la sortie du spectacle. Mais pourquoi le public boude-t-il de plus en plus les festivals ? Noureddine Béji nous précise que cela fait des années que le public rate tous les beaux spectacles. C'est donc tout en mon honneur que je sois boudé par le public dont bon nombre ne distingue plus la bonne musique de celle concoctée à la hâte et pour quelques sous ... J'ai défendu dit-il la cause de l'artiste tunisien beaucoup plus que n'importe qui et l'histoire ne peut pas me tourner le dos dans mon combat pour la bonne musique ».
Quelques dizaines de spectateurs parsemés, ici et là sur les gradins mais qui ont passé une belle soirée d'été et savouré tout d'abord les chants soufis concoctés par le jeune Hassan Néji qui a fait un travail colossal pour réhabiliter le patrimoine. Le public a, par la même occasion, découvert la voix enivrante de Noureddine Béji qui a puisé de son riche répertoire d'autres vieilles chansons comme « Ahouek » ainsi que la fameuse « Abad Li Jaweb » de Sabah Fakhri. Jeunes et adultes en bons mélomanes n'ont pas tardé à se laisser prendre par le rythme des mots et de la musique. Le tout restitué d'une voix légère mais intense de Noureddine. L'orchestre dirigé par le maestro Chokri Siala a laissé une bonne impression avec quelques solos musicaux et la fête devait continuer avec Soumaya Hathroubi.
Par son charisme, son énergie et la qualité de sa prestation scénique, elle a ébloui les quelques mélomanes par sa voix douce, son timbre particulier et sa sensibilité. Soumaya qui possède un talent remarquable pour la scène, a démontré l'étendue de son jeu. Aussi, était-ce avec une aisance et un entrain remarquables qu'elle a gratifié l'assistance de chansons d'Oum Kalthoum et de Abdelhalim. L'ambiance se maintiendra à haute température surtout lorsqu'elle interpréta « Ya Kheina ». Bref, l' on se demande encore une fois pourquoi le public a-t-il fait faux bond ? Est-ce le manque de médiatisation ou le produit d' une mauvaise programmation? Autant de questions restées en suspens, car même le directeur du festival Nabil Zaouali n'a pas caché son étonnement quant à la désaffection inattendue du public