Des pertes évaluées à près de quarante millions de dinars annuellement.... La courbe de croissance du secteur de tourisme est positive lors des trois dernières années. Au total, 6.549.549 touristes ont visité la Tunisie en 2006 contre pratiquement 6 millions il y a trois ans. Cette activité se base dans sa majorité sur le tourisme balnéaire. L'environnement est ainsi un facteur déterminant de la qualité des prestations offertes par les professionnels. Il peut, en fait, avoir une incidence positive ou négative sur le secteur comme il est victime de cette activité économique. L'urbanisation, le développement incontrôlé de l'infrastructure hôtelière et la contamination des eaux de la mer contribuent à la dégradation de la qualité de nos plages et des zones côtières d'après le rapport de la Banque Mondiale sur l'évaluation du coût de la dégradation de l'eau rendu public en mars dernier, d'où une répercussion directe sur le secteur du tourisme. Le coût global de perte peut s'élever jusqu'à 42,7 MDT.
La mer tunisienne est classée parmi les plus belles de la Méditerranée. Toutefois, plusieurs côtes sont polluées à l'instar du Golfe de Gabès (essentiellement le littoral de Sfax et de Gabès), le Golfe de Tunis (Grand-Tunis) en plus d'autres régions, notamment la baie de Khenis, Sayada (Monastir), et Soliman. Pour passer des vacances agréables, les estivants se dirigent vers les zones côtières les plus propres et attractives. Une effervescence toute particulière se crée tout au long de la saison d'été. Pour mieux cerner le profil des touristes tunisiens et leur mouvement, l'Office National du Tourisme Tunisien (ONTT) a réalisé en 2005 une enquête. Elle a démontré que « le taux de déplacement à partir des zones non polluées est respectivement de 42 % pour Bizerte, 45 % pour Nabeul et 49 % pour Sousse. Se basant sur ces chiffres, le rapport de la Banque a précisé que le taux de déplacement des estivants originaires des régions du Grand-Tunis, Sfax, Gabès, Khenis-Sayada et Soliman classées les plus polluées, serait de la même valeur que celle observée pour les zones non polluées, soit 40 à 50 %. La répartition du nombre de touristes internes selon l'origine de la destination de déplacement est devenue plus claire et ce suite à la réalisation de cette enquête. Elle définit le nombre de vacanciers qui se dirigent vers les zones propres. « Sur les 393.000 vacanciers qui quittent Sfax annuellement, 4 % vont à la plage d'Echaffar (Sfax), 17 % à Mahdia, 19 % à Sousse, 14 % à Hammamet et 7 % à Djerba », toujours d'après le rapport. Le déplacement des estivants à cause de la pollution du littoral coûte cher à la communauté. Il a été calculé en termes des dépenses sur le transport et le séjour. Le rapport a précisé que le coût total du séjour et de transport est estimé de 14,6 à 21,2 millions de dinars pour la région de Sfax, alors qu'il s'élève à 28 millions de dinars pour les autres zones polluées.
Impact sur le tourisme international En plus de son impact sur le tourisme local, la dégradation de l'eau pèse lourd sur l'international. Les touristes étrangers passent chaque année une moyenne de 23 millions de nuitées sur notre littoral. Les principales destinations sont Djerba-Zarzis, Sousse-Kairouan, Nabeul-Hammamet et Monastir. Mais ils trouvent que la qualité de la mer tunisienne est moyenne voire mauvaise. Selon une enquête réalisée en 2003, 35 % des touristes estiment qu'elle est moyenne et 3 % trouvent nos plages mauvaises. Ils refusent toutefois de contribuer à des fonds spéciaux pour l'amélioration de la qualité de la mer à travers des majorations sur le coût de séjour. « Ils considèrent que l'Etat et les citoyens tunisiens devraient assurer ce financement », d'après le rapport. Seuls 4 % des touristes étaient prêts à contribuer à raison de 16 D/T par personne pour améliorer la qualité de l'eau. Le rapport a estimé qu'il faut allouer 14,7 millions de dinars pour restituer la qualité de la mer tunisienne. Ainsi, « le coût total de la dégradation de l'eau sur le tourisme international et national a été estimé à 32,5 MDT voire 42,7 MDT en 2004 », toujours d'après la même source.