Le président de la République, Kaïs Saïed, a reçu dans l'après-midi de samedi 11 octobre, la ministre de l'Industrie, des Mines et de l'Energie, Fatma Thabet, ainsi que le ministre de l'Environnement, Habib Abid. Le chef de l'Etat a donné ses instructions pour dépêcher une équipe conjointe des deux ministères concernés à l'usine d'acide phosphorique du Groupe chimique tunisien à Gabès, « afin d'y remédier, dans les plus brefs délais, aux dysfonctionnements constatés ». Il a précisé qu'il suit la situation de près et qu'il a été relevé de nombreuses irrégularités, tant au niveau des opérations de maintenance et d'exploitation — ayant entraîné des fuites de gaz — qu'en ce qui concerne le non-respect des tests requis sur les équipements aux échéances fixées par des experts agréés. Le président de la République a insisté sur la nécessité d'élaborer rapidement un plan stratégique visant à mettre un terme définitif à ces catastrophes environnementales, en s'inspirant du plan élaboré il y a plus d'une décennie par les jeunes de Gabès. Il a également affirmé qu'il n'y aura aucune tolérance envers ceux qui ont failli à leurs devoirs. « Ces situations, a-t-il ajouté, ne sauraient faire l'objet de surenchères ni d'instrumentalisations, qu'elles viennent de l'intérieur ou de l'extérieur ». « Nos concitoyens de Gabès, comme dans toutes les régions du pays, obtiendront pleinement leurs droits. Ils sont la véritable richesse, le rempart solide, et ce sont eux qui bâtiront la nouvelle Tunisie à leur image : une Tunisie verte, débarrassée de toute forme de pollution, mais aussi de tous les pollueurs et les pollués ».
La réaction présidentielle intervient dans un contexte particulièrement tendu à Gabès. La situation y est devenue explosive après un nouvel épisode d'intoxication d'enfants enregistré vendredi. Les habitants, en colère, ont manifesté devant les installations du Groupe chimique tunisien pour dénoncer la dégradation continue des conditions environnementales et sanitaires. Le déploiement de forces armées sur place a encore accentué la frustration des riverains. La polémique autour de ce véritable écocide n'a cessé d'enfler, une large partie de l'opinion publique s'indignant que cette région ait été laissée pour compte face à une catastrophe environnementale d'une telle ampleur.