Le conseil local de la délégation de Gabès Ville a publié, dimanche 12 octobre 2025, tôt ce matin, un communiqué pour suivre de près la situation dans la ville, confrontée à de nouveaux incidents liés à la pollution industrielle. Les membres du conseil local de la délégation de Gabès Ville assurent suivre de près l'évolution des événements sur le terrain, par souci de responsabilité. Ils précisent que, selon eux, les actes de vandalisme et de violence survenus la nuit dernière ne reflètent pas le véritable mouvement des jeunes de Gabès. « Ce mouvement a toujours exprimé un droit légitime : vivre dans un environnement sain et sécurisé, notamment par le démantèlement des unités chimiques polluantes », soulignent-ils. Le conseil appelle également les jeunes à maintenir le caractère pacifique de leur mobilisation et à éviter tout geste pouvant nuire à leur cause ou en affaiblir la légitimité. Ils insistent sur la protection des biens publics et privés afin que la voix des citoyens reste forte et soutenue par l'ensemble du peuple tunisien et les médias nationaux. Les forces de sécurité sont, elles aussi, invitées à agir avec discernement, en distinguant clairement ceux qui défendent une cause légitime de ceux qui cherchent à semer le désordre, « pour que Gabès demeure un exemple de lutte pacifique et responsable », concluent les élus.
La veille, le conseil local de la délégation de Gabès Ville avait fait part de sa profonde indignation face à ce qu'il décrit comme un « crime environnemental continu » commis depuis des décennies contre la ville. Les élus estiment que la répétition des incidents met gravement en péril la vie des habitants et porte atteinte au droit des enfants à un air pur et à un environnement scolaire sain. Ils ont adressé au président de la République une série de revendications urgentes, réclamant une visite immédiate à Gabès, l'arrêt des activités polluantes du Groupe chimique tunisien (GCT) et la relance des projets environnementaux bloqués depuis des années. Le conseil appelle également à la responsabilisation des parties concernées et à l'ouverture d'une enquête nationale transparente pour établir les causes des incidents et désigner clairement les responsables. Les élus plaident en outre pour une véritable justice environnementale et des mesures de discrimination positive en faveur de la région, conformément à la Constitution. Ils demandent la déclaration de Chatt Essalem comme zone sinistrée sur les plans environnemental et sanitaire, accompagnée d'un budget d'urgence pour protéger la population. « Le silence de l'Etat face à ce crime constitue une complicité dans un nouvel assassinat d'une ville qui a tant souffert… Gabès s'asphyxie, et nos enfants s'asphyxient. La conscience nationale doit agir maintenant, pas demain », ont-ils averti.
La tension n'a cessé de croître à Gabès, où les habitants dénoncent depuis des années les effets dévastateurs de la pollution industrielle sur leur santé et leur environnement. Le nouvel épisode d'intoxication, survenu vendredi 10 octobre 2025, a ravivé les blessures d'une région longtemps laissée pour compte. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des scènes d'urgence dans les établissements scolaires et les hôpitaux, où de nombreux enfants ont été pris en charge pour des difficultés respiratoires. Face à l'ampleur de la crise, le président de la République, Kaïs Saïed, a reçu, dans l'après-midi du samedi 11 octobre 2025, la ministre de l'Industrie, des Mines et de l'Energie, Fatma Thabet, ainsi que le ministre de l'Environnement, Habib Abid. Selon la présidence, Kaïs Saïed a dépêché une équipe conjointe des ministères concernés à l'usine du Groupe chimique tunisien à Gabès pour remédier rapidement aux dysfonctionnements. Il suit la situation de près, relève de nombreuses irrégularités dans la maintenance et l'exploitation, et insiste sur la mise en place d'un plan stratégique global pour mettre fin aux catastrophes environnementales. « Nos concitoyens de Gabès, comme dans toutes les régions du pays, obtiendront pleinement leurs droits… une Tunisie verte, débarrassée de toute pollution », a-t-il ajouté. La catastrophe de Gabès remet sur le devant de la scène un vieux dossier que les autorités successives n'ont jamais véritablement réglé. Entre promesses non tenues, retards accumulés et absence de solutions structurelles, la population locale estime vivre « sous perfusion toxique ». La multiplication des alertes, notamment de la part d'experts et d'associations écologiques, laisse craindre que Gabès ne devienne un symbole national de la faillite environnementale du pays.