Les deux acteurs Moez Toumi et Aziza Boulabiar ont présenté avant- hier, leur nouvelle comédie intitulée Lavage à sec ou « Farka Saboun ». cette comédie nous relate l'histoire de deux femmes au crépuscule de l'âge que le destin a réuni dans une maison de retraite, autour d'une corvée sans fin : celle de laver le linge des autres résidents.. Une plongée au cœur de l'institution de la retraite et un regard transversal sur la condition féminine également.
Zina et Aziza, deux femmes d'un certain âge souffrent de l‘ennui et de la routine du quotidien. Ces deux femmes ont choisi de s'occuper, à titre bénévole, de la laverie de la maison de retraite avec l'espoir de rendre leur vie moins monotone et plus agréable. Une réelle amitié est née entre ces deux écorchées de la vie, malgré la différence de leurs caractères et vécus. C'est une histoire comme des milliers d'autres, l'histoire de deux femmes âgées qui n'ont pas d'histoire ; deux personnes comme on en voit peu au théâtre Ce texte pose des questions sur la vieillesse. Non pas sur le vieillissement provoqué par tel métier, tel mode d'existence, mais, d'une manière plus large, sur ce qu'il faut faire quand tout se met à péricliter, à dépérir. Voici deux femmes qui sont dévorées par le désir de vivre, mais rien n'est gênant comme les gens qui s'accrochent à l'existence : tout est ordonné pour que – mangeant, dormant – ils ne fassent que survivre. Elles ne sont pas les plus malheureuses, ni les plus misérables: c'est une détresse au fond très normale. L'histoire est relatée sur un ton burlesque, placé sous le signe de la corvée au féminin. Les deux femmes ont leur propre philosophie de vie, mais elles prennent un plaisir fou à laver, sécher et plier. Elles essayent de combler le temps entre la morne répétition de rituels quotidiens et les "secousses" de vie, de désir, d'autodestruction, d'aspirations vers le ‘‘grand tout'' ou le "grand rien" qui les agitent. Alors, ce qu'on entend peut-être dans les signaux qu'elles lancent, c'est leur désarroi, leur attachement et leur détachement vis-à-vis des choses et vis-à-vis d'eux-mêmes, leur aveuglement, comme leur lucidité, leur cruauté comme leur tendresse, leur tentative éperdue à vouloir représenter encore quelque chose pour eux-mêmes alors qu'elles ne représentent déjà plus rien pour les autres...C'est tout cela que l'on découvre avec bonheur dans cette pièce théâtrale. Une comédie où l'humour et la satire s'entremêlent. Le rire est l'unique remède contre les maux. Tous ces enjeux, ces affrontements, cette tension entre Aziza et Zina sont exprimés tantôt dans un style dramatique, tantôt dans celui de la fable. Humour, narration et rire sont donc les ingrédients utilisés. Les deux actrices entrent dans une phase d'ébullition. A partir de là, la pièce se transforme en un burlesque imbroglio. Aziza Boulabiar toujours égale à elle-même et Moez Toumi excellent dans le rôle de Zina, inventent et racontent des histoires. Les deux vieilles expriment leurs angoisses, leurs attentes, leurs rêves. On a recours à la suggestion, à l'humour, aux gags délicieux que le public goûte avec bonheur et complicité. Pas de décors surchargés mais un travail d'acteurs avec une mise en scène sobre et précise. Et ce qu'on en retient en sortant du théâtre c'est tout simplement qu'on a bien rigolé.