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Nous ne sommes pas intéressés par la formation d'un gouvernement d'union nationale Béji Caïd Essebsi, fondateur de Nida Tounes met les points sur les «i»
J'appelle le gouvernement à accélérer le jugement des destouriens et des Rcdéistes corrompus Nous ne sommes pas ennemis d'Ennahdha, mais nous appelons à placer la Patrie avant les partis La légitimité des urnes s'achève le 23 octobre, place ensuite à la légitimité consensuelle
Le leader du parti Nida Tounes (L'Appel de la Tunisie), Béji Caïd Essebsi, a affirmé, hier, que son mouvement ne compte pas intégrer un gouvernement d'union nationale, signalant toutefois qu'il va soutenir «tout gouvernement au service des intérêts de la Tunisie». S'exprimant au cours d'une conférence de presse tenue à Tunis dans un hôtel quadrillé par les agents de sécurité en civil et même des brigades, l'ancien Premier ministre de transition a également proposé la diminution du nombre des membres du gouvernement. « Il faudrait recourir à un exécutif restreint. Les ministères de souveraineté devraient aussi être confiés à des indépendants parmi les compétences nationales », a-t-il déclaré, indiquant que le fait d'inviter d'autres formations politiques à rejoindre le gouvernement est une démarche erronée.
Dans ce même ordre d'idées, M. Caïd Essebsi a plaidé pour une nouvelle légitimité basée sur un consensus national. « Après le 23 octobre, il n'y aura plus de légitimité électorale. La légitimité sera celle du consensus», a-t-il noté. Et d'ajouter : « ce gouvernement a échoué et n'est plus en mesure de diriger le pays, c'en est fini de la troïka. Ils ont prouvé qu'ils ne sont pas capables de garantir la sécurité du pays et des ambassades ».
Le fondateur de Nida Tounes a précisé qu'il ne considère pas comme étant un ennemi d'Ennahdha, appelant au passage tous les acteurs politiques à «placer la Patrie avant les partis».
Il a aussi accusé le gouvernement dirigé par le parti islamiste Ennahda de «laxisme» envers des salafistes prônant la violence. «Les violences anti-américaines que la Tunisie a connues sont le résultat de la politique de tolérance envers des groupes violents. L'attaque de l'ambassade américaine à Tunis a écorné l'image de la Tunisie et aura des conséquences négatives pour le tourisme et l'investissement », a-t-il déploré, indiquant que le pays avait été privé d'un financement de 20 milliards de dollars promis par le G8 à cause de l'insécurité.
Il a affirmé, dans ce même registre, que le parti Ennahda à l'idéologie parente, selon lui, des salafistes « cherchait à bouleverser le modèle social des Tunisiens qui sont le peuple arabe le plus ouvert sur l'Occident ».
«Accélération du jugement des corrompus»
M. Caïd Essebsi a estimé, par ailleurs, que le navet islamophobe «l'innocence des musulmans» qui a causé des manifestations sanglantes en Tunisie visait à déstabiliser le président américain. «Barack Obama est proche des musulmans et ce qui est arrivé vise à lui faire perdre les élections comme ce fut le cas de Carter auparavant. Obama était le premier à saluer la révolution tunisienne, provoquant une standing ovation au sein du congrès américain. Il a aussi fait en sorte que son pays accorde une garantie de prêt à la Tunisie. C'était une première historique», a-t-il fait savoir.
L'ex chef du gouvernement qui a dirigé le pays pendant plus de huit mois après le départ de Ben Ali et que les partis membres de la troïka au pouvoir accusent de servir de cheval de Troie pour le retour des ex membres du Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD, le parti de Ben Ali) a, d'autre part, réitéré son refus de l'exclusion d'une partie du peuple tunisien en dehors de la justice. « Nous appelons le gouvernement à accélérer le jugement des destouriens et des Rcdéistes corrompus. « Les Destouriens (membres du parti nationaliste du Néo-Destour, ancêtre du RCD, NDLR) ont mené la lutte de libération nationale, libéré le pays et mis les fondements de l'Etat tunisien moderne», a-t-il souligné.
Interrogé sur un présumé projet d'assassinat qui viserait sa personne, Caïd Essebsi a tout simplement évité d'en parler. «Je suis habitué aux menaces. Je suis un bon musulman. Je mourrai quand mon heure viendra. Je souhaite seulement mourir debout », a-t-il indiqué, invitant les journalistes à évoquer cette affaire avec d'autres membres du parti.
L'ancien membre du Néo-Destour et ministre de Bourguiba a, sur un autre plan, démenti des informations selon lesquelles son parti recevrait un appui de certaines parties françaises. «Nida Tounes n'encaissera jamais un sou de l'étranger. Nous ne ramenons de l'argent ni dans des couffins ni dans des valises», a-t-il souligné.