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Béji Caïd Essebsi : pourquoi fait-il aussi peur ?
Publié dans Business News le 19 - 06 - 2012

L'Homme d'Etat et l'avocat tunisien, âgé aujourd'hui de 86 ans, a encore de la ressource et sait s'y prendre pour faire vibrer les salles. Si certains de ses détracteurs pensent qu'il n'a plus l'âge politique de gouverner et que d'autres appellent à sa « mort politique », une chose est sûre, Béji Caïd Essebsi dérange.
Le verbe et, surtout, la blague faciles, le sens de la répartie et l'expérience politique d'un « vieux loup », pour nombreux de ses admirateurs, Béji Caïd Essebsi semble avoir l'étoffe d'un super héros, tout droit sorti d'une bande dessinée pour répondre à l'« Appel de la Tunisie ». Investi de tous les pouvoirs ou résurrection d'un « vieux mal ». Pourquoi Béji Caïd Essebsi fait-il aussi peur ?
Ancien Premier ministre provisoire du deuxième gouvernement de transition, ministre de l'Intérieur, de la Défense et des Affaires étrangères entre 1965 et 1986, Béji Caïd Essebsi est un ancien disciple de Bourguiba qui veut aujourd'hui se poser comme un recours dans le pays. Le vieil homme semble même rechercher dans les vieux tours de son idole pour piocher ses idées « brillantes ».
Face à une opposition qui digère encore sa défaite devant le mastodonte islamiste et a de plus en plus de mal à exister et à innover, se ressourcer dans les vieilles idées bourguibiennes semble être LA bonne idée.
Un Bourguiba qui a, cependant, perdu, avec les années, de sa légitimité et dont l'image a été ternie par des choix dictatoriaux et totalitaires assez controversés. Les victimes de l'ancien régime, dont les islamistes, ne voient aujourd'hui pas d'un même œil la résurrection du Grand Leader sous un nouveau visage, qui se veut plus « démocratique ».
A la présentation du nouveau parti « centriste, libéral et fédérateur » de Béji Caïd Essebsi, on a eu droit à un véritable show médiatique, devant quelques milliers de supporters réunis au Palais des Congrès de Tunis. Une salle, à laquelle on n'accédait que sur invitation, et qui réunissait la crème de la crème : représentants de la bourgeoisie tunisoise et des grandes villes, hauts cadres et personnalités du RCD dissous, auquel « Nida' Tounes » ouvre officiellement les bras.
A l'extérieur, quelques dizaines de manifestants, réunis pour l'occasion, scandaient « RCD dégage ! », avant d'être dispersés par la police.
«Nous refusons cependant toute personne impliquée dans des actes de corruption ou de malversation », déclare en substance Taïeb Baccouche. La chasse aux sorcières est donc officiellement terminée.
Lors de son premier discours en tant que chef de parti, dans un contexte politique délétère, Béji Caïd Essebsi a mis le doigt là où ça fait mal. Il a critiqué le laxisme du gouvernement face aux exactions salafistes et a appelé les membres de la Troïka à prendre leurs responsabilités dans les derniers événements qui ont secoué le pays.
Un discours, ponctué par des récitations de sourates coraniques, dans lequel il a martelé qu' «il n'y avait pas de clergé en Islam», et que « le peuple tunisien, musulman, n'avait pas besoin d'un gouvernement qui se comporte en «tuteur» et délivre «un discours de mosquées» ».
Si ce discours « d'investiture » a été accompagné de la vive émotion d'une bonne partie des présents, Béji Caïd Essebsi peine encore à convaincre.
Le nouveau parti « Nida' Tounes », fait grincer les dents de la classe politique. Même dans les rangs de l'opposition, BCE dérange.
L'initiative de Béji Caïd Essebsi se retrouve aujourd'hui confrontée au parti Républicain, ou « Al Joumhouri », comme se plaisent à l'appeler ses disciples.
Maya Jribi, secrétaire générale du Parti Républicain, salue la « capacité de fédération » et la « légitimité consensuelle » de Béji Caïd Essebsi, mais précise que son parti « tient à rester autonome». Yassine Brahim, directeur exécutif, a explicitement écarté toute éventualité d'alliance avec le parti fraîchement créé de BCE «Il est notre concurrent », affirme-t-il allant jusqu'à redouter « qu'il nous pique nos adhérents, nos sources de financement, etc. »
Selma Baccar, membre de la constituante du PDM, affirme, par contre, que des rapprochements sont en cours avec le PR et qualifie l'alliance avec ce parti comme «unique alternative à Ennahdha » tout en précisant que « même si les RCDistes ayant commis des délits doivent passer devant la justice, la chasse aux sorcières doit cesser».
En plus de ces divisions internes et de l'incapacité des acteurs politiques à unifier leurs listes, les RCDistes sont un écueil psychologique auquel se heurte encore l'opposition. Un argument auquel semblent souvent recourir les partis au pouvoir.
Rappelons que le parti Ennahdha déclare son intention de présenter très prochainement à la Constituante une proposition de loi qui interdit toute activité politique aux anciens RCDistes.
«Le dossier de BCE est lourd et noir. Il a occupé le poste de président de la Chambre des députés et a été membre du comité central du RCD », affirme Rafik Abdessalem, qui accuse Béji Caïd Essebsi de vouloir « faire un retour en arrière. Sauf que les ères de Bourguiba et de Ben Ali sont terminées ».
Si le pouvoir de trancher reste conféré aux urnes, l'électeur, qui décidera, aura-t-il lui aussi peur de revoir, ressurgies sur le devant de la scène, d'anciennes pratiques qu'il pensait révolues ou optera-t-il pour un vote sanction contre les islamistes en privilégiant une alternative prônant, tout de même, la préservation des acquis modernistes ?
Mustapha Ben Jaâfar voit dans la remise en cause de légitimité du gouvernement de la Troïka par BCE « des propos pouvant menacer la sûreté et la stabilité de l'Etat » tout en mettant en garde contre « des forces contre-révolutionnaires qui tentent de sortir de la porte pour entrer par la fenêtre ».
Aux accusations de M. Ben Jaâfar, Mohsen Marzouk a répondu en faisant rappeler au président de la Constituante son passé destourien tout en l'accusant, à son tour, de vouloir dénigrer toute tentative sérieuse pouvant constituer une éventuelle alternative au pouvoir.
Le nouveau parti de BCE constitue-t-il, alors vraiment, une alternative à Ennahdha ? Difficile à dire à l'heure où l'«Appel de la Tunisie» n'est qu'à ses débuts et vu qu'il présente autant d'avantages, selon ses partisans et une bonne partie des Tunisiens, que d'inconvénients, selon ses détracteurs qui sont aussi nombreux.
De là à avancer que les Tunisiens auront, désormais, à choisir entre deux maux, il n'y a qu'un pas que certains n'hésiteront pas à franchir…


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