Un livre signé de deux éminents professeurs de médecine, Bernard Debré et Philippe Even, vient d'être publié en France passant en revue environ quatre mille médicaments. Il en ressort que 50 % des médicaments vendus en pharmacie ne servent à rien. Pire encore : certains seraient même dangereux pour la santé de ceux qui croient se soigner avec... Nous avons donc voulu en savoir plus sur ces médicaments et nous avons constaté que bon nombre d'entre eux sont en vente chez nous, sans que nos médecins ou nos pharmaciens ne soient au courant de leur dangerosité. « Le guide des 4000 médicaments utiles, inutiles, ou dangereux »est un livre qui dénonce un phénomène déjà plusieurs fois constaté : les laboratoires pharmaceutiques fabriquent les médicaments, les autorités sanitaires les mettent sur le marché sans trop les contrôler et les médecins les prescrivent sans se poser de questions. Les deux professeurs ont même recensé « 50 % de médicaments inutiles, 20 % de mal tolérés et 5 % de potentiellement dangereux ». Des chiffres inquiétants, surtout quand on se souvient de l'affaire du Mediator. Or certains des 58 médicaments jugés dangereux et qu'il faudrait proscrire immédiatement, sont en vente en Tunisie... Un petit tour dans nos pharmacies nous a permis de constater que bon nombre de ces médicaments sont présents dans les rayons, parmi lesquels des anti-inflammatoires, des médicaments cardiovasculaires, des contraceptifs, des antiparkinsoniens et même un médicament anti-tabac ! Plusieurs pharmaciens nous ont assuré qu'ils reçoivent régulièrement « des notifications de retrait de certains médicaments qui se révèlent dangereux ou peu efficaces. » Mais dans le cas présent, ils n'ont rien reçu. Or il s'agit de vasodilatateurs comme le Vastarel, de pilules anticonceptionnelles comme Minesse, d'anti-inflammatoires comme l'Indocide, le Ketum cutané, le Celebrex, ainsi que des antidiabétiques. On trouve aussi dans cette liste des médicaments psychiatriques comme l'Anafranil, le Surmontil ou le Stablon. Le plus inattendu, c'est le Champix, un médicament censé aider à lutter contre le tabagisme et qui se révèle plus dangereux que les problèmes qu'il tente de résoudre. L'un des pharmaciens visités dénonce certaines pratiques : « les études concernant l'efficacité et la non dangerosité des médicaments sont réalisées par les laboratoires eux-mêmes et non pas par des laboratoires indépendants. C'est comme si les élèves notaient eux-mêmes leurs devoir ! » Un médecin de la vieille école nous affirme que « les laboratoires sont devenues des entreprises commerciales qui ne prennent plus le temps de vérifier les effets secondaires des médicaments durant une longue période, car cela coûte cher. Ils mettent alors sur le marché des molécules complexes et ce sont les patients qui leur servent de cobayes, d'où les scandales que l'on constate régulièrement... » Il dénonce également les autorités de santé qui donnent des AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) avec beaucoup de complaisance, sans oublier certains médecins en Europe qui reçoivent des cadeaux substantiels pour prescrire ces médicaments. D'ailleurs les deux auteurs de l'étude, affirment que « l'industrie pharmaceutique est la plus lucrative, la plus cynique et la moins éthique de toutes les industries. » Ils tiennent également à signaler « qu'il s'agit là d'un livre d'information, pas d'opinion. » Quant à notre médecin de la vieille école, il tient à apporter la précision suivante : « il ne faut pas arrêter soi-même un traitement en cours. Si vous constatez qu'un des médicaments que vous utilisez est présent dans la liste, il faut en parler à votre médecin qui saura apprécier la nécessité de poursuivre le traitement ou de vous proposer un autre... » Yasser Maârouf
Liste des 58 médicaments jugés dangereux
Médicaments cardiovasculaires
4 vasodilatateurs coronaires et artériels : Adancor® (Derono), Ikorel® (Sanofi), Vastarel® et Trivastal® (Servier) 1 anti-insuffisance cardiaque : Procoralan® (Servier) 1 antiarythmique : Multaq® (Sanofi) 3 anti-coagulants ou antiagrégants : Ticlid® (Sanofi), Pradaxa® (Boehringer) et Xigris® (Lilly)
Galvus® et Eucreas® (Novartis), Januvia® et Janumet® (MSD), Xenuvia® et Velmétia® (P. Fabre), Trajenta® et Onglyza® (Boehringer) 2 glitazones supprimés: Actos® et Competact® (Takeda) suspendues en France mais maintenues par l'Agence européenne.