L'information tombe tel un couperet : 40 mille croisiéristes boudent la Tunisie, dégât collatéral des malheureuses attaques, par des fous furieux, contre l'Ambassade américaine. C'est tout de même exagéré comme réaction. Car même si, en aucun cas, les Tunisiens ne toléreront que les chancelleries et les ressortissants étrangers soient pris à partie par les groupuscules extrémistes, il faut quand même rappeler au bon souvenir de nos amis occidentaux la dimension hospitalière de notre pays, sa vocation de carrefour des civilisations et de creuset du multi-culturalisme et du multi-confessionnalisme. Nous compatissons au sentiment d'insécurité que ressentent aujourd'hui les Américains et, particulièrement, ceux d'entre eux qui exercent dans des missions diplomatiques dans les pays où s'est réalisé le Printemps arabe, avec son corollaire, la renaissance islamique. Mais les Américains eux-mêmes, depuis déjà les Faucons de Bush et ses congélateurs idéologiques, l'avaient « planifié » dans leurs scénarii tenant aux mouvances potentielles du monde arabo-musulman. Le Printemps arabe s'est réalisé quelque part aussi avec leur bénédiction parce que les «dictatures amies » devenaient un peu trop embarrassantes et carrément compromettantes. Il fallait donc en finir avec l'exception ( de dictature) arabe, et appuyer le processus de démocratisation. Peut-être, sans doute, n'a-t-on pas évalué scientifiquement la composante religieuse au nom de laquelle renaissent d'anciennes / nouvelles orthodoxies extrémistes. Le Parti d'Ennahdha lui-même, qui se proclame d'essence, démocratisante est débordé par le phénomène. Sauf qu'on a bien vu les pouvoirs publics remettre de l'ordre et sécuriser les missions diplomatiques en Tunisie. Un pays qui refusera toujours la violence et qui ne permettra pas que des milliers de croisiéristes le boudent à cause d'une poignée de voyous.