«Il reste encore plusieurs points à éclaircir au sujet de la tragédie qui s'est déroulée au large de l'île de Lampedusa dans la nuit de jeudi à vendredi 7 septembre ». Certes, il reste encore plusieurs points à éclaircir au sujet des tragédies qui ont eu lieu depuis des mois de Méditerranée et qui ont coûté la vie à des centaines des jeunes tunisiens à la fleur de l'âge. Consciente de ce problème récurrent qui se pose de plus en plus dans notre pays, la société civile tunisienne ainsi que celle internationale plus particulièrement, italienne ne cessent de demander aux autorités concernées de créer une commission d'enquête mixte. Pour mieux faire passer ce message qui tarde toujours à être concrétisé, le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux a organisé hier une table ronde et ce en collaboration avec le réseau Euro-méditerranéen pour les Droits de l'Homme.
En quête continue d'une vie meilleure, plusieurs jeunes tunisiens prennent le risque de franchir la Méditerranée. Les voyages d'émigration irrégulière se multiplient d'un jour à l'autre. Nombreux en fait, sont ceux qui se jettent dans la mer avec l'objectif d'atteindre l'eldorado. Ce rêve se transforme, très souvent en cauchemar aussi bien pour les émigrés que pour leurs familles qui se trouvent après la mort de leurs proches en situation dramatique. Car aucune information n'est fournie sur les disparus et/ ou les détenus. Face à cette situation et conscients de l'ampleur de ce phénomène les acteurs de la société civile nationale et internationale travaillent de plus en plus pour attirer l'attention des autorités concernées sur la gravité de ce problème. A cet égard, le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux et l'organisation italienne ARCI multiplient les efforts pour demander aux autorités tunisiennes et italiennes la création d'une commission d'enquête mixte incluant des représentants des familles de victimes, des sociétés civiles et des gouvernements tunisien et italien afin de faire la lumière sur les circonstances du dernier naufrage survenu au large de l'île de Lampedusa dans la luit de jeudi à vendredi 7 septembre ainsi que sur toutes les disparitions d'émigrants depuis 2011.
Revendications
Cette revendication lancée depuis des mois devient ainsi une urgence à cause de la multiplication des cas d'émigration qui coûtent de plus en plus la vie de nos compatriotes. « Le naufrage des 6 et 7 septembre n'est donc malheureusement pas un cas isolé. Il a cependant mis en évidence l'ensemble des enjeux politiques et humains du contrôle migratoire du canal de Sicile. Il appartient désormais, au gouvernement tunisien d'assumer ses responsabilités vis-à-vis des familles des victimes de ce naufrage et de l'ensemble des familles de disparus présentes en Tunisie afin de leur donner une réponse claire sur le sort de leurs proches », annonce le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES). Il considère d'ailleurs que « l'approche sécuritaire du contrôle migratoire et ses compensations en termes économiques proposées par l'Union Européenne ne pourront continuer à être un modèle si nous souhaitons que cessent les morts et disparitions d'émigrants ». Dans ce sens, il lance un appel « aux autorités tunisiennes et italiennes pour coopérer à la mise en place d'une procédure systématique d'identification des corps retrouvés afin de permettre une information complète aux familles qui en font la demande ».
Toujours dans le même contexte, et face à l'attitude du gouvernement provisoire qui ne prend pas au sérieux le dossier des disparus, le forum appelle les autorités tunisiennes à traiter avec plus de transparence les accords migratoires signés avec d'autres Etats tout en recommandant « d'arrêter la collaboration de la Tunisie avec la politique de fermeture des frontières menée par l'Union Européenne et pour permettre aux personnes qui souhaitent émigrer de le faire dans des conditions sûres et régulières et non au péril de leur vie ».
Ce n'est pas tout. Le Forum incite les autorités tunisiennes et européennes à traiter la question avec plus de transparence et surtout au rapport aux comportements des équipages des avions, hélicoptères et navires de secours ou de contrôle qui croisent des bateaux de migrants et la transmission de toutes les informations qui permettraient de faire la lumière sur les circonstances des naufrages. « L'arrêt de la criminalisation de l'enfermement des étrangers en Europe et en Tunisie ainsi que l'arrêt de toutes les expulsions vers la Tunisie », sont également parmi les recommandations formulées par le FTDES lequel réitère sa position par rapport à la liberté de circulation pour toutes et tous laquelle reste limitée voire impossible pour les personnes.