Les manifestants dénoncent des «dépassements» dans les concours de recrutement Plusieurs centaines de diplômés chômeurs ont manifesté, hier à Tunis, pour réclamer du travail et les dépassements dans les concours de recrutement dans la fonction publique. Les manifestants qui répondaient à l'appel de l'Union des diplômés chômeurs (UDC), se sont rassemblés à la Place Mohamed Ali siège de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), la principale centrale syndicale du pays. Les manifestants ont ensuite défilé sur l'Avenue Habib Bourguiba, artère principale de la capitale hautement surveillée par la police avant de se rassembler à la Place du 14 janvier, tout près du ministère de l'Intérieur.
Les manifestants ont réclamé des emplois et dénoncé l'absence d'une politique gouvernementale claire dans ce domaine. « Travail, liberté, dignité!», «Où sont tes promesses, gouvernement», « Ni peur, ni terreur, la rue appartient au peuple », ont-ils notamment lancé, reprenant ainsi des slogans scandés lors des protestations sociales qui avaient abouti à la chute de Ben Ali.
D'autres manifestants ont scandé des slogans politiques, dont « Le peuple veut la chute du gouvernement» et « Non aux rétrogrades, islamistes et destouriens »
La manifestation n'a pas enregistré de heurts avec les forces de l'ordre.
Des jeunes enveloppés dans des drapeaux tunisiens ont dénoncé la «nonchalance» du gouvernement et la «marginalisation» du dossier de l'emploi. «L'emploi qui a été le principal détonateur des protestations contre le régime de Ben Ali est toujours marginalisé. Les gouvernements qui se sont succédé depuis le 14 janvier n'ont pas montré beaucoup d'intérêt aux souffrances des diplômés chômeurs, dont beaucoup sont sans emplois depuis plus de dix ans », peste Salem Ayari, coordinateur général de l'Union des diplômés chômeurs. « Nous ne pouvons plus patienter davantage. Y en marre d'attendre des promesses d'embauche sans lendemain», s'emporte, de son côté Mohamed Felhi, un diplôme sans emploi depuis plus de cinq ans.
Transparence
Les manifestants ont, par ailleurs, dénoncé les attaques enregistrées contre les locaux de l'Union des diplômés chômeurs à Sousse, Regueb, El Fahs et Meknassi. Ils se sont aussi insurgés contre les dépassements enregistrés dans les recrutements effectués ces derniers mois dans la fonction publique. « Ces recrutements n'ont pas tenu compte de critères objectifs clairs mais de considérations partisanes », indique Salem Ayari
Dans un communiqué, l'UDC a réclamé la publication des listes de candidats admis dans des concours d'embauche dans la fonction publique et de confier le recrutement à une instance autonome pour garantir la transparence et mettre fin au népotisme.
Le taux de chômage est officiellement tombé à 17,6% en septembre 2012 contre 18,9% durant l'année 2011, les diplômés formant le tiers de quelque 750.000 demandeurs d'emploi dans le pays.
Ce taux de chômage national cache d'importantes disparités régionales. Il est de plus 50% dans des régions déshéritées de l'Intérieur du pays contre 6% dans certaines régions nanties du nord.
La manifestation autorisée à la dernière minute par le ministère de l'Intérieur, selon les organisateurs, était la première à avoir lieu dans Tunis depuis les violences qui ont marqué les protestations contre un navet islamophobe devant l'ambassade des Etats-Unis le 14 septembre.