Les négociations sociales dans le secteur privé connaissent un blocage. Les négociateurs de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA) ont estimé que la situation économique actuelle ne permet pas l'octroi d'augmentations salariales conséquentes. Au cours d'une réunion tenue mercredi, les 150 chambres syndicales sectorielles représentatives des patrons ont dénoncé les augmentations en cascade des charges (électricité, carburant, etc.) décidées par le gouvernement récemment.
Les représentants de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) ont, quant à eux, déploré le revirement des patrons qui «ont renié leur engagement de principe relatif à l'octroi d'une augmentation salariale générale de l'ordre de 7%.
Dans le secteur public (établissements et entreprises publics) les points de vue commencent à se rapprocher entre les membres de la commission mixte regroupant des représentants du gouvernement et des négociateurs mandatés par l'Union Générale Tunisienne du Travail qui se réunit deux fois par semaine (mercredi et vendredi), conformément au protocole d'accord relatif aux négociations sociales paraphé le 15 août par le Premier ministre, Hamadi Jebali, et le secrétaire général de l'UGTT, Hassine Abbassi.
Les représentants du gouvernement ont proposé des taux d'augmentations salariales similaires à ceux appliqués en 2011 sous le gouvernement de transition de Béji Caïd Essebsi, en l'occurrence entre 3,7% et 4 ,7% de la masse salariale de l'année 2011. Les représentants de l'UGTT ont, quant à eux, appelé à faire bénéficier les quelque 200.000 salariés des entreprises et établissements publics d'augmentations salariales identiques à celles accordés aux agents et cadres de la fonction publique, en l'occurrence 70 dinars, mettant en avant la nécessité de limiter la détérioration du pouvoir d'achat des salariés sous l'effet de l'inflation galopante.
Les deux parties semblent finalement opter pour une solution médiane, à savoir un taux unifié de 5% de la masse salariale de 2011.
Des élus d'Al-Aridha Chaâbia en grève de la faim
Des élus à l'Assemblée constituante et des membres du Bureau exécutif d'Al-Aridha Chaâbia (Pétition populaire pour la liberté, la justice et le développement) ont entamé, hier, une grève de la faim pour protester contre le maintien en détention de jeunes manifestants de Menzel Bouzayane (gouvernorat de Sidi Bouzid). Les deux élus d'Al Aridha, qui avaient cessé leur grève de la faim entamée pour les mêmes motifs mardi en compagnie avec d'autres députés originaires de Sidi Bouzid dont Ahmed Essafi (Parti des Travailleurs) et Mohamed Brahmi (Mouvement du Peuple) après la libération de certains manifestants détenus, ont aussi repris leur mouvement.
A noter qu'Al-Aridha Chaâbia est arrivée en deuxième position lors des élections de l'Assemblée Constituante (30 sièges, dont quatre ont été invalidées).
Cette percée s'explique notamment par les promesses populistes faites par le leader de ce mouvement, Hachmi El Hamdi, un homme d'affaires tunisien originaire de Sidi Bouzid et établi à Londres aux électeurs. Dans une campagne continue sur Al-Mostakilla, sa chaîne de télévision, M. El Hamdi avait notamment promis des soins gratuits et deux cents dinars pour chacun des 500 000 chômeurs du pays en contrepartie de jours de travail communautaire. Homme d'affaires fortuné, El Hamdi a aussi promis d'injecter 2 milliards de dinars dans le budget de l'Etat 2012.
Al-Aridha aurait, par ailleurs, bénéficié, selon ses adversaires, du soutien des «réseaux dormant» de l'ex Rassemblement Constitutionnel Démocratique» (RCD).
Grève dans cinq hôpitaux de Tunis; le ministre de tutelle étonné
Une grève est observée, hier, dans cinq hôpitaux de Tunis à l'appel de l'Union régionale du travail en signe de protestation contre la non-application des accords conclus entre les syndicats et la tutelle.
Le débrayage a été bien suivi à l'Institut national de neurologie, l'Institut Hédi Raïes d'ophtalmologie, l'Institut Salah Azaïez, l'hôpital Aziza Othmana et l'hôpital régional de Kheireddine dans la banlieue nord de Tunis, selon des sources syndicales.
Selon le secrétaire général de la Fédération générale de la santé (section de Tunis), Abdelfatah Ayari, cette grève a été décidée en raison de « la non-application des accords conclus entre les syndicats de base de la santé et la direction générale». Le responsable a également estimé que «la renonciation à ces accords est un coup porté à l'action syndicale dans les établissements de santé».
La grève intervient après que la partie syndicale ait refusé la proposition du ministère de tutelle relative à la prime de la rentrée scolaire. Cette prime a été fixée à 50 dinars pour un seul enfant, 100 dinars pour deux enfants et 140 dinars pour trois enfants ou plus.
En réaction à cette grève, le ministère de la Santé a exprimé, dans un communiqué rendu public hier, son «étonnement face à la décision de grève, précisant que sa proposition a été pourtant approuvée par «30 à 50%» du personnel des hôpitaux concernés.
«Le ministère de la Santé reste ouvert au dialogue et réaffirme son engagement à faire bénéficier tous les agents de ces établissements de cette prime sociale. Il veillera à l'amélioration des conditions matérielles et morales de tous les travailleurs dans le secteur», ajoute le même communiqué.