Le Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL/ou Ettakatol) a tenu son conseil national, le week-end dernier à Sousse, dans une ambiance tendue. Et pour cause : ce parti social-démocrate membre de la coalition tripartite au pouvoir est sous le feu nourri de critiques émanant aussi bien de ses adversaires politiques que de ses militants. Signe qui ne trompe pas sur la situation interne peu reluisante du parti: cinq députés d'Ettakatol (Selim Ben Abdessalem, Selma Mabrouk, Fatma Gharbi Mamoghli, Ali Bechrifa et Karima Souid) ont boycotté les assises du Conseil national tandis que quinze dirigeants et membres actifs de la fédération du parti ont annoncé, le jour même de la réunion du conseil national leur démission en signe de protestation contre «le ralliement total» du parti à Ennahdha.
Mustapha Ben Jaâfar rejette les accusations d'«inféodation» d'Ettakatol à Ennahdha :
«A l'heure où les autres sont en pleine campagne électorale, nous travaillons pour l'intérêt national»
Nous espérons voir les démissionnaires revenir à Ettakatol
Le congrès d'Ettakatol se tiendra les 25, 26 et 27 janvier 2013
A l'ouverture des travaux du conseil national, le secrétaire général d'Ettakatol et président de l'Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaâfar, a formé l'espoir de voir les démissionnaires, dont le nombre augmente chaque jour, reconsidérer leurs décisions. Il a également estimé que son parti œuvre pour l'intérêt national et pour la réussite de la deuxième phase du processus transitoire même si ce choix risque de lui coûter cher sur le plan électoral. «A l'heure où les autres partis sont déjà en pleine campagne électorale, nous continuons à travailler pour l'intérêt national. En termes d'alliance, nous n'avons pas eu un autre choix qui puisse garantir la stabilité politique et la paix sociale », a-t-il déclaré. Et d'ajouter: « la Tunisie ne peut en aucun supporter en cette phase critique la bipolarisation islamistes/islamistes. Nous craignons une véritable division de la société tunisienne en ces temps ou tous les Tunisiens sont appelés à mettre la main dans la main pour construire la démocratie ».
Le Conseil national d'Ettakatol) a, d'autre part, évalué l'activité du parti, durant la période écoulée, sa contribution au sein de la «troïka», la coalition tripartite au pouvoir, et de la participation de son groupe parlementaire aux travaux de l'Assemblée nationale constituante (Anc). Le financement et le plan de communication du parti ainsi que le développement du contenu du Journal «Mouwatinoun» ont été abordés au cours de cette réunion.
Respect de la légitimité électorale
Le communiqué final du conseil national réaffirme l'attachement d'Ettakatol à la réalisation des objectifs de la révolution. Il soutient aussi l'initiative du dialogue national lancée par l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) , tout en rappelant que le consensus national doit avoir lieu dans le cadre du respect de la légitimité électorale et que l'Assemblée constituante reste l'unique centre de décision
Sur un autre plan, le communiqué insiste sur la neutralité de l'administration et refuse les nominations basées sur l'allégeance partisane.
Par ailleurs, le conseil national a fixé la date du prochain congrès d'Ettakatol pour les 25, 26 et 27 janvier 2013.
A noter que la vague de démissions se poursuit à Ettakatol. Quinze dirigeants et membres actifs de la fédération d'Ettakatol en France ont annoncé, samedi dernier, leur démission. Les démissionnaires parmi lesquels figurent Mmes Sondes Zouaghi (secrétaire générale Ettakatol France, membre du bureau fédéral, représentante au Conseil national), Hédia Mohsen Ben Ameur (trésorière, membre du bureau de la Fédération France), Sarrah Ben Haj Yahia (co-responsable de l'édition de la newsletter), Myriam Bouhlel (co-responsable de l'édition de la newsletter, contact médias) ainsi que M.M Ali Lazzem (responsable organisation, membre du bureau de la Fédération France), Fethi Ouardani (responsable de la commission de finance, responsable de la newsletter) pointent du doigt «un manque de discernement» pendant la négociation du périmètre des pouvoirs des trois partis de la troïka lors de la constitution du gouvernement. Ils se disent aussi «outrés par le manque de réactivité d'Ettakatol pendant cette année où les violences se sont multipliées et où les forces de l'ordre et la justice ont parfois montré leur incompétence», notant que l'argument de «faits isolés» défendus par les dirigeants du parti ne tient plus.
Ils dénoncent, par ailleurs, le manque de transparence et le déficit de concertations en ce qui concerne les décisions prises par la direction du parti.