Grand rendez-vous mercredi dernier avec deux virtuoses de la musique classique : Michel Dalberto et Gérard Caussé. Le premier, pianiste de haute facture, a joué dans les quatre coins du monde, du Japon en Chine, de France aux Etats Unis avec un succès, toujours renouvelé. Le second, est violoniste adulé en France et ailleurs, plus de 35 albums à son actif, invité partout, il joue souvent à guichet fermé, il y a plus d'une dizaine d'années, il a joué à l'Acropolium.
Salle comble, évidemment, silence d'église à l'Acropolium, public attentif et accroché aux sons de l'alto et piano ; ça vibre de partout. Ambiance.
Une heure, une heure seulement, avec un programme qui annonce une remarquable soirée : Bach, Berlioz, Debussy, Beethoven et Schubert. Nous voilà sautant de siècle en siècle avec ferveur et enthousiasme.
Départ spartiate, on plonge sans préambule dans une atmosphère métaphysique, on s'élève sans ascenseur dans des couches stratosphériques du baroque, la 1ère suite pour violoncelle solo de J.S.Bach, transcription de Gérard Caussé pour alto a ouvertement fasciné le public. Caussé joue ses phrases sans appuyer, sans graisser les notes. Cà prend, le public applaudit à tout rompre. Pendant ce temps Dalberto, distingué et courtois, nous racontait le succès de la soirée à Sousse et l'un de ses fameux concerts à Riga. Il rejoint son complice pour un morceau de Berlioz, l'un des plus connu. N'empêche, Dalberto, didactique, le verbe éloquent, décrit les circonstances de Harold et Italie, symphonie de Berlioz. Celui-ci en voyage en 1834, sur demande de Paganini, compose cette symphonie très poétique, aérienne, sans pathos, loin de la fougue, des fureurs de sa célèbre Symphonie fantastique, composée en 1930. Ses pérégrinations dans les Abruzzes lui laissent de beaux souvenirs, dans ses mémoires, il écrit « je voulais faire de l'alto en le plaçant au milieu des poétiques souvenirs une sorte de rêveur mélancolique dans le genre de Child Harold de Byron... » La version pour alto et piano a été arrangée par F. Liszt. Dialogue en notes douces entre les deux instruments, voyage en phrases courtes, échanges sensibles, fusion entre les deux instruments. Il est clair qu'on a à faire à deux virtuoses qui réagissent en fonctions de ces fameuses pérégrinations. Avec passion.
Privé de Chopin, inscrit au programme ce soir, à la place, le public a eu droit à Debussy qui prend la relève, comme pour garder encore pieds en Italie, Clair de lune, le plus fameux mouvement de la suite bergamasque, composée en 1890, le 3ème mouvement appelé Clair de lune est tiré d'un poème de Paul Verlaine, petites touches impressionnistes et couleurs chatoyantes, ce célèbre morceau a connu plusieurs arrangements pour orchestres et adaptés dans beaucoup de films : Le clochard de Beverly Hills, Frankie et Johnny, Sept ans au Tibet etc. On imagine le plaisir de Dalberto jouer un morceau aussi connu. Ovations !
Retour en Allemagne, Beethoven : Sonate pour violoncelle et piano N°3, transcription pour alto et piano de Gérad Caussé. Troisième des 5 sonates pour violoncelle et piano, celle-ci nous renvoie sans nuance à Rostropovitch, dont l'interprétation est restée en mémoire de tout mélomane, on se met à rêver sans brider nos sentiments. Moment fort pour notre duo, le public est ravi et le démontre en applaudissant longuement. Et bis pour la route.
Schubert en douceur, romantique à souhait, amours contrariées, richesses mélodiques, on marche sur la pointe des pieds, sans faire de bruit et puis on se lève. Bravo les artistes !